En Septembre 2018, devrait se tenir à Beijing un comité sino-japonais sur les investissements publics et privés le long des nouvelles routes de la Soie.

Le Japon et la BRI

Bien que Tokyo n’ait pas officiellement rejoint l’initiative « Belt and Road », certaines entreprises japonaises participent déjà à des projets de la BRI.  En juin 2017, le premier ministre japonais avait déclaré que son pays était prêt à rejoindre la BRI si l’initiative chinoise était ouverte à l’ensemble de la communauté internationale, et si elle ne mettait pas en péril l’économie des pays hôtes.

Jusqu’à maintenant Tokyo semblait privilégier d’autres options. Ainsi en 2017, le Japon, conjointement avec l’Inde lançait le projet d’un corridor de croissance Asie-Afrique pour renforcer la connectivité entre les deux continents. En automne 2017, le Japon participait avec les Etats-Unis, l’Australie et l’Inde à la renaissance du « Quad« , un accord de coopération multilatéral. Mais ces différentes initiatives ne sont pas contradictoires, et le Japon pourrait participer à différents projets, dont la BRI.

Tokyo espère plus de libre-échange

La politique commerciale protectionniste des Etats-Unis pourrait aussi inciter le Japon à améliorer ses relations bilatérales avec la Chine. Il ne faut pas oublier que les Etats-Unis et le Japon se sont déjà engagés dans une guerre commerciale dans les années 1980. Les Etats-Unis cherchaient alors à réduire leur déficit commercial avec le Japon; ce conflit économique déboucha sur les accords du Plaza et la dépréciation du dollar face au Yen, réduisant la compétitivité des entreprises japonaises (le Japon  devait  connaitre alors une bulle spéculative puis à partir de 1991, une décennie perdue, de faible croissance). Comme le notent Jane Cai et  Sarah Zheng du SCMP,  le Japon, la Corée du Sud, Taïwan pourraient souffrir des nouvelles barrières commerciales américaines sur les produits chinois, puisque ceux-ci sont fabriqués à partir de pièces produites dans d’autres pays d’Asie comme le Japon.

La volonté affichée par Tokyo de rejoindre la BRI pourrait être un signe envoyé à Washington de revoir sa position en matière de commerce international. Le Japon en participant à la BRI, espère soutenir ses entreprises exportatrices et promouvoir la coopération et les échanges en Asie.

Le Comité sino-japonais sur la « Belt and Road »

Ce nouveau comité devrait être présidé conjointement par  Hiroto Izumi, conseiller du premier ministre japonais et Ning Jizhe, vice directeur de la NDRC.

L’un des premiers projets de la BRI pour lequel une coopération sino-japonaise est envisagé concerne la modernisation du réseau de chemin de fer thaïlandais.

Les projets de construction ferroviaire sont habituellement longs et complexes à mettre en place, notamment en raison des procédures d’expropriation.

La Chine et le Japon se sont concurrencés dans la construction de nouvelles lignes de voies ferrées en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande et en Malaisie.

La ligne sino-thailandaise a pris du retard. Lancé en 2014, ce projet dont la construction a commencé en décembre 2017, devrait finalement être opérationnel à partir de 2022.

En Malaisie aussi, les projets ferroviaires connaissent quelques ralentissements. Mahathir Mohamad élu en 2018,  a décidé de revoir les projets d’investissements étrangers, dont chinois dans son pays.  La construction de nouvelles lignes ferroviaires, dont celle reliant Kuala Lumpur à Singapour sera donc retardée. Le consortium japonais qui incluait East Japan Railway, qui était bien placé pour remporter ce contrat, devra donc attendre.

La Chine et le Japon pourraient donc coopérer dans le secteur ferroviaire pour accélérer ces projets.

Coopération sino-japonaise en Thaïlande

Cette coopération sino-japonaise pourrait dans un premier temps être réalisée dans des projets tels que l’extension du métro de Bangkok, et la création d’une ligne à grande vitesse entre l’aéroport de   Suvarnabhumi et le centre du pays.

A travers ce type de coopération, on peut voir que la BRI n »est plus considérée comme un projet promouvant seulement les intérêts chinois. Si ces investissements se réalisent, ils seront bénéfiques à la fois pour les entreprises chinoises, japonaises et  thaïlandaises. Dans un contexte de résurgence du protectionnisme, grâce à cette coopération sino-japonaise, la BRI apparaît comme une illustration du succès du multilatéralisme.

La Chine et le Japon ensemble dans le train pour Bangkok!
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