Le secrétaire d’état américain Mike Pompeo annonçait le 30 juillet 2018, lors du Forum Indo-Pacific Business le lancement prochain d’un plan de développement des infrastructures en Asie.

Les Etats-Unis devraient  investir 113 millions de dollars dans le développement d’infrastructures en Asie. Cet investissement serait effectué à travers l’USIDFC (United States International Development Finance Corporation), une nouvelle agence américaine. En juin 2018, le Senat américain a approuvé le « BUILD Act » (Better Utilization of Investment Leading to Development) qui permettrait la création de l’USIDFC regroupant  l’OPIC  (Overseas Private Investment Corporation, l’agence pour les investissements privés à l’étranger) et l’Autorité du crédit au développement de l’USAID (U.S. Agency for International Development’s Credit Authority).

Quelles perspectives pour l’initiative américaine?

Ce programme semble être la réponse de Washington à l’initiative « Belt and Road » lancée par Beijing. Les Etats-Unis ont, à plusieurs reprises, critiqué la BRI et ont mis en garde les pays qui seraient intéressés à la rejoindre  en raison de possibles risques d’endettement.

En novembre 2017, les Etats-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde annonçaient la renaissance du dialogue quadrilatéral (Quad), qui avait été établi dans un premier temps en 2007, pour répondre à la montée en puissance de la Chine en Asie. Le Japon et l’Australie pourraient rejoindre l’initiative américaine et participer à son financement.

Il est encore trop tôt pour juger ce projet mené par les Etats-Unis, cependant il semble peu ambitieux pour répondre réellement aux attentes des états asiatiques en matière d’infrastructures. Le montant initial promis par les Etats-Unis est relativement faible face aux besoins présents.

Mais la faiblesse principale de ce projet réside dans le manque de visibilité de la politique étrangère américaine. Les Etats-Unis devront convaincre de la pérennité de ce programme. Le protectionnisme grandissant des Etats-Unis à travers sa politique de tarifs douaniers, son retrait du partenariat transpacifique, et enfin sa dénonciation unilatérale de l’accord sur le nucléaire iranien devraient inciter les états de la région à reconsidérer leur possible engagement dans le projet américain.

Il ne faut pas oublier que la BRI n’est pas qu’une question d’infrastructures, l’un de ses objectifs est de faciliter les échanges et promouvoir le libre-échange. le projet américain ne semble pas aborder ce sujet.

Moins de compétition, plus de coordination

Si dans son discours, le secrétaire d’état américain ne mentionne pas directement pas la Chine, cette mesure vise cependant à limiter l’influence chinoise en Asie à travers la BRI.

L’annonce de cette initiative pourrait raviver les tensions entres les Etats-Unis et la Chine. Beijing a réagi à cette annonce à travers la voix de Geng Shuang, porte-parole du ministère des affaires étrangères, pour déclarer que la Chine attendait les réalisations concrètes de cette initiative américaine.

Il faut cependant espérer que la compétition entre les Etats-Unis  et la Chine soit limitée et que le financement des projets d’infrastructures ne soit pas conditionné par l’alignement du pays hôte sur la ligne de Washington ou de Beijing. Une concurrence exacerbée entre les deux superpuissances serait source d’instabilité pour les états de la région.

Il faut au contraire qu’une plus grande coordination soit mise en place entre ces différents programmes pour éviter la réplication d’infrastructures.

Des questions peuvent être posées à propos des éventuels inconvénients de la BRI tels que le risque d’endettement pour certains états ou la prédominance des entreprises chinoises. Ce débat est légitime; un projet d’une telle ampleur ne peut être parfait dès son lancement. Il doit y avoir dialogue et négociations entre les parties. Le lancement d’une initiative américaine pourrait malheureusement renforcer les antagonismes entre les Etats-Unis et la Chine, et ces deux projets pourraient donner  respectivement la priorité aux seules entreprises américaines et chinoises.

La Chine a déclaré que les nouvelles routes de la Soie était ouverte à tous.  L’ensemble de la communauté internationale doivent saisir cette opportunité en rejoignant ce programme, et s’il le faut le améliorer de l’intérieur en coopération avec la Chine.

Le projet américain de développement en Asie: quel impact sur la BRI ?
Étiqueté avec :                        

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*