Lors de la rencontre Chine-Europe qui s’est tenue à Bruxelles au début du mois de juin 2017, le premier ministre chinois Li Keqiang et le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker ont appelé à plus d’échanges entre les deux régions et se sont montrés de fervents défenseurs du libre-échange.
Cependant, malgré ce discours, les relations commerciales entre la Chine et l’Union Européennes restent minées par la question de l’acier.
L’Union Européenne refuse d’accorder à la Chine le statut d’ « économie de marché » en raison des aides que donnerait Beijing à certaines industries notamment l’acier, et donc continue d’appliquer des mesures anti-dumping sur l’acier chinois.
Pour la Chine, cette politique n’est pas acceptable. Beijing rappelle que quinze ans après son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce, la Chine doit être considérée comme une « économie de marché » et dénonce le protectionnisme déguisé des mesures anti-dumping européennes.
Ce désaccord persistant continue de ralentir la coopération entre la Chine et l’Union Européenne. Aucun accord sur le commerce n’a pu donc être conclu lors de la visite de Li Keqiang à Bruxelles.
Il est donc nécessaire pour les deux parties de surmonter la question de l’acier.
D’une part, la Chine doit admettre sa surcapacité industrielle dans le secteur de l’acier. Cette surcapacité est due particulièrement au plan de relance approuvé par la Chine en 2008 pour affronter la crise mondiale. Les entreprises des industries lourdes et notamment dans le secteur de l’acier poursuivent alors leur expansion bien que la demande mondiale faiblit. Beijing doit donc poursuivre ses réformes économiques, continuer la libéralisation de son économie et accompagner la transformation de son industrie lourde.
L’Union Européenne, pour sa part, doit accepter que son secteur sidérurgique soit devenu moins compétitif par rapport à la concurrence mondiale, et arrêter de le protéger à tout prix.
Il est dommage que la question de l’acier paralyse ainsi la coopération entre la Chine et l’Europe.
Les deux puissances doivent s’interroger sur leurs intérêts à long terme. S’agit-il de protéger la seule industrie de l’acier, ou favoriser des échanges commerciaux ?
L’acier et l’OBOR
En arrêtant de soutenir économiquement son secteur sidérurgique, la Chine prouverait à ses partenaires de l’OBOR qu’elle s’engage à respecter le libre-échange, et qu’elle ne favorisera pas les entreprises chinoises dans la création des nouvelles routes de la Soie.
Il s’agit de prouver aux états de l’OBOR qu’ils bénéficieront tous des mêmes opportunités, et que leurs produits n’auront pas à faire face à une concurrence déloyale, ni à des mesures protectionnistes.
La politique de sanctions mise en place par l’Union Européenne devrait elle aussi évoluer pour encourager la Chine à poursuivre ses réformes.
On ne peut qu’encourager Beijing et Bruxelles à continuer à travailler ensemble et à trouver des solutions sur la question de l’acier. Il est aussi nécessaire de leur rappeler que l’acier ne représente qu’une infime fraction des échanges sino-européens.
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