Le 18 et 19 octobre 2018, s’est déroulé à Bruxelles le 12e sommet Asie-Europe qui a réunit les chefs de gouvernements européens et de plusieurs pays d’Asie. Cette rencontre a pour objet de renforcer les échanges entre l’Europe et l’Asie dans les domaines de la sécurité, de la culture et de la connectivité. Les différents chefs d’états ont évoqué les projets de connections sur le continent eurasiatique, dont le nouveau plan européen.
Le Plan européen
En septembre 2018, Frederica Mogherini, haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a dévoilé un programme stratégique européen sur la connectivité entre l’Europe et l’Asie.
L’objectif de ce plan est d’exporter en Asie les succès de l’Union Européenne en matière de connectivité en Europe. Ainsi, ce document met en avant une voie européenne basée sur le développement durable, la circulation des personnes, des biens, des services et du capital, ainsi que sur le respect des règles internationales.
L’une des priorité de ce plan est de développer le réseau transeuropéen de transport (TEN-T) notamment dans six états d’Europe de l’Est et du Caucase, à savoir la Biélorussie, la Moldavie, l’Ukraine, la Géorgie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan, et de le relier aux autres corridors économiques en Asie.
D’autres points importants comprennent la mise en place de routes digitales comme outil de développement dans les régions les plus isolés et le développement des échanges culturels et scientifiques entre l’Europe et l’Asie.
Ce document encourage l’Europe à approfondir ces relations bilatérales avec les principaux états du continent asiatique dont la Chine et l’Iran, et à appuyer les accord internationaux dont l’Accord de Paris sur le climat.
Pour financer ces corridors de connectivité, l’Union Européenne espère développer la coopération avec les secteurs publics et privés, ainsi qu’avec les fonds souverains. Le document encourage aussi un renforcement des cofinancement avec les institutions financières internationales telles que la Banque Asiatique pour le Développement et la Banque Asiatique pour les Investissements dans les Infrastructures.
Selon ce plan, l’Union Européenne envisage aussi d’inaugurer un groupe de conseil pour les entreprises impliquées dans la connectivité Europe-Asie (Business Advisory Group for Euro-Asian Connectivity) pour inciter les PMEs à développer leurs activités en Asie.
Relations avec la BRI
Si on peut se féliciter que l’Union Européenne s’engage fortement pour le renforcement de ses relations avec l’Asie, on peut regretter néanmoins que le plan européen ne mentionne pas la BRI.
Il est donc nécessaire de s’interroger sur la place de l’initiative européenne face à la BRI chinoise.
Depuis le lancement de l’initiative « Belt and Road », plusieurs puissances tentent de répondre à ce projet chinois en lançant des programmes similaires, voir concurrents. C’est le cas des Etats-Unis ou encore de l’Inde avec le corridor de croissance Afrique-Asie. Mais les différents états doivent se garder de développer des projets rivaux, car cela aurait un impact négatif sur les résultats attendus en terme de développement.
Au contraire, ils doivent chercher à travailler ensemble pour maximaliser la connectivité sur le continent eurasiatique. L’initiative « Belt and Road » est suffisamment ouverte pour accueillir tous les états concernés par ces enjeux. Rejoindre officiellement la BRI, serait aussi un bon moyen pour l’Union Européenne de défendre ses intérêts et faire entendre sa voix, notamment sur les règles et normes relatives aux investissements.
Le plan européen ne doit pas être utilisé par l’Europe comme une alternative à la BRI. Il doit fonctionner comme une initiative complémentaire à la BRI. Les états asiatiques ne devront pas choisir entre les deux, mais utiliser ces deux instruments.
Le succès du plan européen passe donc par une plus grande coordination avec la Chine pour éviter une concurrence (de plus cette concurrence se ferait essentiellement au détriment de l’Europe qui n’a pas dévoilé le montant des investissements qu’elle prévoit de consacrer à cette initiative), et un dialogue permanent entre Bruxelles et Beijing pour faire renaître les nouvelles routes de la Soie.
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