Après une visite au Pakistan, puis en Inde, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est rendu en Chine où il a rencontré le président Xi Jinping ainsi que le vice-premier ministre Han Zheng. Les deux pays entretiennent d’excellentes relations, la Chine étant le premier marché pour les exportations de pétrole saoudien. Ryiad et Beijing pourraient intensifier leurs échanges dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ».
Le corridor économique Chine-Pakistan
Ryiad a montré de l’intérêt pour le corridor économique Chine-Pakistan, et notamment pour le port de Gwadar où l’entreprise Saudi Aramco a prévu d’investir près de 10 milliards de dollars pour la construction d’une immense raffinerie. D’autres entreprises saoudiennes comme le leader des énergies renouvelables « Acwa Power » pourraient s’implanter à Gwadar. Les investissements saoudiens à Gwadar dans le secteur de l’énergie devraient mettre fin aux coupures de courant dont souffre la région du Baloutchistan. Le développement du CECP devrait aussi permettre aux entreprises saoudiennes de l’énergie d’avoir un meilleur accès aux provinces occidentales de la Chine et aux marchés d’Asie centrale.
A l‘heure où la BRI est parfois critiquée, les investissements saoudiens à Gwadar témoignent de la confiance de ce pays dans le futur du CECP, ce qui est hautement apprécié par Beijing.
La Vision 2030
Sous le leadership du prince héritier, l’Arabie saoudite a confirmé une nouvelle orientation économique, moins dépendante du pétrole et plus innovante.
L’Arabie Saoudite devra affronter prochainement plusieurs défis, le premier étant celui de l’emploi. Le taux de chômage s’élevait à près de 12,8% au troisième trimestre 2018. Ryiad devrait continuer à réduire le recours à la main d’œuvre étrangère et favoriser les emplois locaux. Un autre défi est celui de faire émerger un secteur industriel dans un pays où le pétrole constitue plus de 80% de ses exportations. Le Royaume d’Arabie Saoudite cherche donc à diversifier son économie.
Ces objectifs apparaissent dans la stratégie Vision 2030. Celle-ci est constituée de plusieurs programmes, le premier concernant le développement industriel et la logistique suivant le principe d’Industry 4.0 (similairement adopté par la Chine dans sa stratégie « Made in China 2025 ».
La stratégie Vision 2030 vise aussi à ouvrir le pays sur le reste du monde notamment en développant le tourisme. Des nouvelles stations balnéaires devraient voir le jour sur le littoral de la mer rouge.
La mégacité de NEOM
Un autre projet majeur de la stratégie 2030 consiste en la création de la nouvelle ville de NEOM, au nord-ouest du pays.
Cette ville de près de 26500 km², une fois achevée en 2025, devrait devenir la plus grande ville entièrement gérée par l’intelligence artificielle. L’ensemble des transports y serait autonome, et la part belle serait donnée aux énergies renouvelables.
Ce projet a été dévoilé en octobre 2017 et témoigne de l’ambition de MBS de transformer son pays et diversifier l’économie saoudienne en promouvant de nouvelles activités.
La ville devrait devenir un hub important pour tout le Moyen-Orient. Un pont devrait être construit entre l’Egypte et NEOM. En mars 2018, l’Egypte et l’Arabie saoudite ont lancé un fond conjoint de 10 milliards de dollar pour financer la région égyptienne qui borderait NEOM. Ce projet devrait aussi bénéficier à la Jordanie et notamment à la zone économique d’Aqaba, proche de la future mégacité de NEOM.
A travers sa visite en Chine, MBS cherche à attirer les investisseurs chinois dans son projet de ville innovante, et notamment les leaders chinois des nouvelles technologies. Le projet est estimé à 500 milliards de dollars et ne pourra être réalisé que si la communauté internationale, et notamment la Chine soutient le projet.
La participation des entreprises chinoises est cruciale pour le développement de NEOM afin que cette nouvelle ville soit totalement intégrée aux différents flux de marchandises, de capitaux et personnes.
De ce fait, NEOM pourrait faire partie intégrante de la BRI comme le soulignent des experts du FMI.
La nouvelle ville de NEOM pourrait servir de laboratoires aux derniers innovations pour les entreprises des hautes technologiques, notamment les entreprises chinoises.