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Lors de la récente rencontre entre Donald Trump et Narendra Modi, les deux chefs d’état ont évoqué une possible participation de l’Inde au programme « Blue Dot Network ». Ce réseau a été inauguré par les Etats-Unis en coopération avec le Japon et l’Australie en novembre 2019.

Lors de son lancement, ce programme paraissait relativement flou, et était considéré principalement comme un instrument pour évaluer les projets de connectivité dans la région Indo-Pacifique.

Aujourd’hui, on en sait un plus sur le réseau « Blue Dot ». Il s’agit toujours d’un programme d’évaluation pour la construction de nouvelles infrastructures, qui est ouvert aux Etats, aux entreprises et à la société civile.  Les critères d’évaluation répondront aux principes internationaux de gouvernance comme les principes du G20 sur les investissements d’infrastructure de qualité, l’engagement pour un financement innovant pour le développement du G7 de Charlevoix, et les principes de l’Equateur. L’accent sera mis sur la transparence, la lutte contre la corruption et l’engagement des communautés locales.

Un second volet, encore à définir, concernera l’accès au financement des projets d’infrastructures.

La nouvelle agence américaine  « International Development Finance Corporation » (IDFC) dotée d’un fond de 60 milliards de dollars, devrait être l’instrument principal du réseau Blue Dot.

Il est à noter que dans son projet de budget 2021, le président Trump a indiqué vouloir réduire l’aide au développement, tout en augmentant le budget de l’IDFC, ce qui montre l’importance du projet « Blue Dot Network » pour l’administration américaine.

Cependant, ce nouveau programme ne devrait pas financer d’infrastructures majeures, mais accompagner le développement de projets plus modestes, et ainsi se différencier de la BRI chinoise.

Le réseau Blue Dot et la BRI

Ce projet américain est donc une réponse directe à la BRI chinoise. Les deux programmes ont pour objectif de renforcer la connectivité en Asie, un continent qui souffre d’un important déficit en infrastructures comme l’a remarqué la Banque Asiatique pour le Développement.

Pour attirer les autres états, les Etats-Unis mettent en avant la participation des entreprises privées et le respect de standards internationaux dans le réseau « Blue Dot », ce qui le différencierait de la BRI.

Cependant, si l’initiative chinoise, à ses débuts, a souffert d’un manque de transparence et de développement durable, le projet a évolué. En raison du financement de plus en plus important de banques internationales dans la BRI, les projets développés répondent très majoritairement aux critères internationaux. La Chine a elle-aussi pour souci de rendre ses projets transparents et respectueux de l’environnement, comme l’a rappelé le Président Xi Jinping lors du 2nd sommet de la BRI en avril 2019.   

La grande différence entre la BRI et le réseau « Blue Dot » est que l’initiative chinoise est aujourd’hui plus avancée que le réseau « Blue Dot » qui parait encore comme balbutiant.

Malgré des déclarations apaisantes, le réseau « Blue Dot » a une forte dimension géopolitique, et s’inscrit dans une confrontation sino-américaine. On  peut ainsi remarque que bien que le réseau « Blue Dot » soit un projet multilatéral réunissant les Etats-Unis, le Japon et l’Australie, c’est le Président Trump, et lui seul, qui invite l’Inde à rejoindre le groupe. Le Japon et l’Australie semblent plus attentifs, et de nombreuses entreprises japonaises bénéficient déjà de la BRI.

Le réseau « Blue Dot » devrait donc devenir un instrument de développement parmi d’autres pour les états d’Asie.

L’Inde et le réseau « Blue Dot »

Dans leur déclaration commune, les président Donald Trump et Narendra Modi ont exprimé leur intérêt de coopérer sur des projets d’infrastructures. Pour l’Inde, il est important de continuer à moderniser l’ensemble de ses infrastructures afin d’une part de lutter contre les inégalités régionales et d’autres part de créer de nouvelles opportunités de croissance.  Le réseau « Blue Dot » permettrait aussi à New Delhi de faire avancer sa propre stratégie « Act East policy». Celle-ci, développée en 2014, a pour objectif de renforcer les échanges entre l’Inde et ses voisins d’Asie du Sud-Est. Cependant les réussites de ce programme se sont limitées principalement aux questions de sécurité. Pour New Delhi, le réseau « Blue Dot » pourrait être un moyen de renforcer ses échanges commerciaux avec ses voisins.

Cependant, l’Inde reste hésitante quant à une éventuelle participation, et attend plus de détails techniques sur ce programme. La Chine reste le second partenaire économique de l’Inde et par conséquent New Delhi continue à s’intéresser à la BRI, mais ne peut officiellement rejoindre l’initiative chinoise en raison de la question du Cachemire.

Pour l’ensemble des parties, et afin d’assurer le développement des états asiatiques, une plus grande coordination entre BRI et réseau Blue Dot devra être trouvée. Une compétition de la part du réseau « Blue Dot » ne ferait que menacer l’ensemble des projets de développement en Asie.

Le réseau « Blue Dot » et l’Inde
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