Lors de la visite du premier ministre russe Medvedev à Beijing le 1 novembre 2017, le président Xi Jinping a déclaré soutenir le développement de la route polaire arctique et en faire un nouvel axe de l’initiative « Belt and Road ».

La route polaire

La Russie a depuis longtemps l’objectif d’utiliser la route polaire pour le transport de marchandises.  Sous l’URSS, des brise-glaces ouvraient la route pour relier la Sibérie à la Russie européenne.

Le réchauffement climatique et la fonte de la banquise pourraient rendre plus praticable la route maritime du nord.

Depuis le début des années 2000, avec la diminution de la banquise, le trafic a augmenté sur cette route.  En 2013, la Russie a établi l’Administration de la Route maritime du Nord, afin de mieux en contrôler la navigation.

Si les brise-glaces n’étaient plus nécessaires, la route du nord reliant la Chine à l’Europe serait deux fois plus rapide que celle passant par le canal de  Suez.

La Chine a bien compris l’intérêt que présenterait cette route, et est devenue depuis 2013 l’un des observateurs du Conseil de l’Arctique, la principale organisation de coopération impliquée dans la gestion du pôle nord. Depuis, la Chine a développé sa propre politique concernant l’Arctique.

Le développement de l’initiative Belt and Road est considéré par Moscou comme une opportunité pour relancer l’idée d’une route maritime polaire reliant la Chine à l’Europe.

Les obstacles géopolitiques à cette route

Le développement de la route polaire n’est pas entièrement dans les mains de la Chine et de la Russie.

Pour que cette route soit effective, l’ensemble des états de l’Asie du Nord Est devront tout d’abord améliorer leurs relations, et assurer la sécurité des marchandises à transporter.

  • il s’agit pour la Chine et le Japon d’appliquer une politique de bon voisinage et de régler leurs disputes maritimes pour assurer la libre circulation en mer du Japon.
  • Beijing et Séoul devront continuer à améliorer leurs relations comme cela a commencé depuis fin octobre, après plus d’un an de tensions. La Corée du Sud pourrait alors rejoindre l’initiative « Belt and Road ».
  • Mais c’est principalement le problème nord coréen qui pourrait peser sur le développement de la route polaire reliant les ports chinois de Shanghai, Tianjin et Dalian à l’Europe. Si elle adoptait une politique plus pacifique, la Corée du Nord pourrait elle aussi bénéficier du développement de la route de l’Arctique, notamment en participant à ‘initiative régionale du « Grand Tumen ». »

D’autre part, le futur de cette route dépendra largement des relations entre la Russie et la Chine. Beijing pourrait redouter la prédominance des intérêts russes sur cette route. Le succès de la route polaire dépendra en grande partie de la volonté de la Russie à favoriser le commerce sur cet axe.

Enfin, le développement de la route du nord pourrait permettre d’améliorer la connectivité des états du nord de l’Europe et notamment des pays baltes et de la Scandinavie avec l’Asie.  Mais, là encore, l’UE et la Russie devront auparavant renforcer leurs relations pour développer des projets communs pour le grand nord.

Une possible menace sur l’environnement

Le développement de la route polaire est conditionné au réchauffement climatique. Pour que cette route soit compétitive par rapport à la voie maritime passant par le canal de Suez, ou les nouvelles lignes de chemins de fer Europe-Asie, cette voie doit être libérée des glaces toute l’année, ce qui signifie que la banquise doit continuer de reculer.

Le développement du trafic maritime dans cette région sauvage pourrait menacer son écosystème.

Des fuites d’hydrocarbures et des dégazages sauvages mettraient l’ensemble de l’environnement arctique en péril. Pour éviter ces catastrophes , la Chine, la Russie et l’ensemble des états concernés par cette route devront chercher à développer des transports plus propres, à réglementer et contrôler le transports de marchandises dangereuses.

Quelle place pour l’Europe?

Il est important que dès aujourd’hui l’Union Européenne développe sa propre stratégie concernant cette nouvelle route polaire et travaille en collaboration avec la Russie et la Chine sur ce sujet.

La mis en place de nouvelle route polaire demandera la création ou la modernisation de nombreuses infrastructures  dans les régions du nord de la Russie, des projets dans lesquelles les entreprises européennes pourraient intervenir.

Le projet de la nouvelle route arctique pourrait aussi créer de nouvelles opportunités en Russie, principalement en Sibérie et dans les régions de l’extrême orient russe.

 

La route polaire n’est pas encore totalement viable, mais la décision de la Russie et de la Chine de commencer à réfléchir sur ce projet témoigne de l’importance que ces deux pays donnent aux politiques de long terme.

Beijing montre aussi sa volonté de développer de nombreuses routes différentes reliant l’Asie à l’Europe.

La route polaire et l’initiative Belt and Road
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