par Dr. Sébastien Goulard

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Le 21 avril, la ministre australienne des Affaires étrangères, Marise Payne, a annoncé l’annulation de l’accord sur l’initiative « Belt and Road » conclu entre la Chine et l’État de Victoria.

Des documents non-contractuels

En octobre 2018, le Premier Ministre de Victoria, Daniel Andrews, et Cheng Jingye, l’ambassadeur de Chine en Australie, ont signé un protocole d’accord qui a fait de Victoria le premier territoire australien à rejoindre l’initiative chinoise.

Selon cet accord, Victoria approfondirait ses liens avec la Chine et attirerait davantage d’investissements chinois pour améliorer ses infrastructures.

En octobre 2019, le gouvernement de l’État de Victoria et la Commission nationale chinoise de développement et de réforme (National Development and Reform Commission, NDRC) ont signé un accord-cadre sur l’Initiative « Belt and Road » afin de mieux définir les rôles de chaque partie dans cette coopération.

Il est à noter que ces deux documents (le protocoles d’accord et l’accord-cadre) ne sont pas des documents contractuels et ne donnent pas beaucoup de détails sur la participation de Victoria à la BRI.

Par exemple, l’accord-cadre mentionne que la Chine et Victoria organiseront davantage d’événements afin que les entreprises puissent partager leur expérience et créer de nouveaux liens. Bien que les entreprises chinoises soient invitées à participer à des projets d’infrastructure à Victoria, elles sont tenues de se conformer aux processus d’appel d’offres. Bien que ces accords aient été présentés comme des documents très ambitieux, ils ressemblent aux accords habituels signés entre régions ou administrations étrangères. Ils ne mentionnent aucun chiffre ni aucune obligation légale que les parties doivent respecter.

Une responsabilité  nationale ou régionale ?

Cependant, ces documents ont mécontenté les autorités centrales australiennes qui ont affirmé que l’État de Victoria n’avait pas le pouvoir de signer ce type d’accord avec une nation étrangère. Lorsque le premier protocole d’accord a été signé entre Victoria et la NDRC, le Premier ministre Scott Morrison a fait valoir que « la politique étrangère était du domaine du gouvernement du Commonwealth », de sorte que l’État de Victoria n’est pas autorisé à signer de tels accords.

En déchirant cet accord, Canberra veut également montrer aux États australiens que seul le gouvernement central peut s’occuper des affaires étrangères. Mais ce faisant, l’Australien semble ne pas faire attention au contenu réel de ces documents.

Les  tensions entre l’Australie et la Chine

L’annulation par le ministre australien des affaires étrangères des accords de la BRI intervient dans un contexte de tensions croissantes entre Canberra et Beijing, et la Chine a déjà critiqué cette décision.

L’Australie est devenue de plus en plus dépendante de l’économie chinoise depuis quelques années, depuis que les deux pays ont signé un accord de libre-échange en 2015. Les relations se sont détériorées au début de la crise Covid19 au début de 2020. Les deux pays ont mis en place de nouvelles règles pour réduire leurs flux commerciaux, notamment l’imposition de droits antidumping et le blocage de certaines importations.

La décision prise par Canberra pourrait nuire davantage aux relations entre l’Australie et la Chine.

L’annulation de cet accord nous montre que l’initiative « Belt and Road » n’est toujours pas largement comprise en dehors de la Chine, et il vaut mieux signer des MoU concernant la BRI entre deux États ou deux villes plutôt qu’entre un territoire régional et une agence nationale, car le gouvernement national peut se sentir menacé par ce type d’arrangement.

L’Australie annule l’accord de la BRI entre Victoria et la Chine
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