par Dr. Sébastien Goulard
L’Initiative « Belt and Road » a été critiquée à plusieurs reprises pour ses possibles effets néfastes sur l’environnement. Cet argument a été utilisé par exemple par l’administration américaine pour mettre en garde les pays étrangers des dangers posés par la BRI. Ces critiques étaient légitimes à l’égard de certains des premiers projets de la BRI (nombre d’entre eux avaient en fait été planifiés avant le lancement effectif de la BRI, et ont ensuite été qualifiés de projets BRI pour des questions d’image). Mais la BRI évolue : les considérations environnementales ont été progressivement intégrées dans les projets BRI.
Début décembre 2020, la BRI International Green Development Coalition (BRIGC), un réseau d’experts supervisé par le ministère chinois de l’Écologie et de l’Environnement a dévoilé un guide de développement vert pour les projets BRI qui proposait une restriction de la construction de centrales électriques au charbon pour les futurs projets BRI. Ce document met l’accent sur la dimension verte de la BRI et souligne les efforts de la Chine pour promouvoir le développement durable.
Quelques recommandations
La BRIGC a identifié plusieurs recommandations à adopter pour une BRI plus verte.
- Tout d’abord, la dimension environnementale doit être étudiée à chaque phase du cycle de vie du projet.
- Les institutions financières impliquées dans la BRI devraient préparer une liste d’exclusion pour les industries / projets qui causent des dommages environnementaux.
- Une évaluation indépendante des incidences environnementales doit être préparée pour chaque projet.
- Les institutions financières doivent privilégier les projets verts offrant les meilleures conditions environnementales
- Les porteurs de projets doivent préparer un système de gestion environnementale et sociale à présenter aux institutions financières
- Un mécanisme de réclamation doit être mis en place afin que les ONGs et les parties locales puissent contacter les institutions financières et présenter leurs préoccupations.
- Des clauses restrictives devraient être incluses dans les contrats entre institutions financières et porteurs de projets pour remédier à de possibles violations de l’accord sur les questions environnementales.
- Les institutions financières devraient fournir des rapports indépendants sur leurs performances environnementales sur les projets qu’elles financent.
- Une coopération internationale accrue doit être développée par les institutions financières notamment concernant le partage des données sur l’environnement.
Principales priorités
Parmi les principales priorités à développer pour une BRI plus verte, la BRIGC a identifié la mise en place rapide d’un système de classification des projets BRI.
Les experts du BRIGDC ont proposé une classification des projets BRI en fonction de leurs impacts environnementaux. Chaque projet recevrait une « couleur » qui illustrerait son niveau de durabilité.
- La couleur rouge serait attribuée aux projets susceptibles de causer des dommages environnementaux irréversibles. Cette couleur serait donnée aux centrales électriques au charbon, mais aussi à certains projets hydroélectriques et pétrochimiques ainsi qu’aux mines.
- Les projets qui ne présentent pas de dommages importants pour l’environnement (neutres) seraient jaunes.
- Les projets verts proposeraient des solutions pour lutter contre le changement climatique. Les projets de centrales solaires et éoliennes peuvent bénéficier de ce label.
Une autre priorité est de créer un mécanisme d’incitation pour soutenir le développement de projets verts.
Une internationalisation des projets BRI
Les recommandations et priorités identifiées par le BRIGDC ne sont pas nouvelles et certaines d’entre elles ont déjà été mises en œuvre par des agences internationales de développement. Le rapport mentionne à plusieurs reprises les activités et projets menés par la Banque européenne d’investissement, l’Agence française de développement (AFD) et plusieurs directives de l’Union européenne.
Une fois mis en œuvre, les mécanismes proposés par la BRIGC rendront les projets BRI beaucoup plus ouverts aux agences de développement et aux institutions financières européennes.
Une BRI plus verte est en fait une opportunité pour une coopération UE-Chine plus avancée en matière de développement durable.
Priorité au développement durable et aux énergies renouvelables
Ce document confirme également que la Chine promeut ses solutions d’énergie verte à la fois sur les marchés domestiques et internationaux. Il est très peu probable que d’autres centrales électriques au charbon soient financées dans le cadre du BRI en Afrique ou en Asie du Sud. Nous prévoyons une augmentation des investissements chinoise dans l’énergie verte et la transformation des entreprises énergétiques chinoises au cours des prochaines années.
Partager la publication "Une nouvelle classification environnementale proposée pour la BRI"