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Fin octobre 2020, le sommet (vituel) des Trois Mers s’est tenu en Estonie. Cette initiative lancée conjointement par la Pologne et la Croatie en 2015 vise à favoriser le dialogue et la connectivité entre les membres de l’UE d’Europe centrale situés entre l’Adriatique, la Baltique et la mer Noire.

L’initiative des trois mers pourrait devenir un autre outil essentiel pour relier l’Europe à l’initiative « Belt and Road ».

Le besoin d’infrastructures modernes

Malgré l’adhésion à l’UE et les programmes de l’UE visant à développer les infrastructures (y compris le réseau TEN-T), la connectivité en Europe centrale doit encore être améliorée. Les infrastructures transnationales ne sont pas suffisamment développées. La Pologne et la Croatie ont conjointement invité tous les membres de l’UE d’Europe centrale à coopérer dans les domaines de l’énergie, des transports et des communications.

Bien que l’initiative des Trois Mers ne concerne que les États d’Europe centrale, elle ne doit pas être considérée comme un projet régional visant à contourner l’Europe occidentale, mais comme une tentative de rééquilibrer la connectivité dans l’Union européenne.

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Projets multilatéraux

Un grand nombre de projets multilatéraux ont été menés dans le cadre de l’initiative des Trois Mers, principalement dans les domaines de l’énergie, du numérique et des transports.

Parmi eux, l’Eastring, un projet du secteur “énergie” proposé par la Slovaquie, qui consiste en la construction d’un pipeline reliant la Bulgarie à la Slovaquie. La deuxième phase du projet devrait s’achever d’ici 2030. Cela aidera l’Europe du Sud-Ouest à réduire sa dépendance au gaz naturel russe et à explorer davantage d’opportunités énergétiques au Moyen-Orient et dans la mer Caspienne.

Dans le secteur numérique, plusieurs projets ont été développés pour renforcer la connectivité de la Baltique aux Balkans. L’initiative numérique des Trois Mers (Digital 3 Seas Initiative) développée par l’Institut Kosciuszko depuis 2018 permettra un transfert de données plus sécurisé dans la région et apportera également son soutien aux industries innovantes avec le développement de réseaux transnationaux de fibre optique et d’infrastructures 5G.

Un autre projet consiste en la construction d’une piste d’essai pour les véhicules autonomes. La Zalazone de Zalaegerszeg, en Hongrie, aidera grandement les entreprises innovantes d’Europe centrale à développer de nouvelles solutions de mobilité.

Avec l’Initiative des 3 Mers, les douze membres de l’UE démontrent leur volonté de développer des réseaux de transport régionaux plus efficaces. Un projet majeur est la Via Carpathia qui reliera Klaipeda en Lituanie à Thessalonique en Grèce. Ce projet de réseau routier a été formulé pour la première fois en 2006, puis a été intégré au réseau Ten-T de l’UE et développé dans le cadre de l’initiative des trois mers. Ce nouveau réseau routier devrait être achevé d’ici 2025. il contribuera à mettre fin à l’isolement géographique d’un certain nombre de régions enclavées le long des frontières orientales de l’UE.

Ces projets soutiennent également une plus grande intégration avec les voisins de l’UE, notamment des pays des Balkans occidentaux, de la Turquie, de l’Ukraine, de la Biélorussie et du Caucase du Sud.

Le Fonds de l’Initiative des Trois Mers

Pour financer ces projets, les pays d’Europe centrale ont créé un fonds. Le Fonds financier des trois mers a été lancé conjointement en 2019 par la banque de développement polonaise « Bank Gospodarstwa Krajowego » (BGK) et la banque de développement roumaine: « EximBank »; avec un budget qui pourrait éventuellement atteindre 5 milliards d’euros. Sa première opération s’est traduite par l’acquisition de Cargonunit, une société de location de locomotives basée en Pologne. Les investissements réalisés par ce fonds visent à favoriser les échanges transfrontaliers en Europe centrale.

L’initiative des Trois Mers et les États-Unis

Dès son lancement, l’initiative a attiré l’attention de nombreux pays non européens. Lors du premier sommet à Dubrovnik (Croatie) en 2016, d’éminents orateurs chinois et américains ont été invités, et le président américain Donald Trump, lui-même, a assisté à l’événement en 2017.

Les États-Unis sont particulièrement intéressés à soutenir cette initiative en Europe centrale et, en février 2020, ont proposé de fournir jusqu’à 1 milliard de dollars au fonds des « Trois Mers » pour promouvoir des projets dans le secteur de l’énergie en Europe centrale. Pour Washington, l’Initiative des Trois Mers pourrait affaiblir les relations entre l’UE et la Russie, menacer le projet de gazoduc germano-russe Nord Stream et renforcer les exportations américaines de gaz de schiste vers l’Europe centrale.

Cependant, l’Initiative des Trois Mers s’intéresse davantage au développement régional qu’à la géopolitique, et les pays d’Europe centrale préfèrent défendre leurs propres intérêts.

L’Initiative des Trois Mers et la BRI chinoise

Onze des douze pays de l’Initiative des 3 mers sont également membres du mécanisme 17 + 1 qui regroupe la plupart des pays d’Europe centrale et orientale et la Chine. Les membres européens ont signé un protocole d’accord avec la Chine concernant l’Initiative « Belt and Road ». Les deux initiatives se complètent par de nombreux aspects différents et une synergie peut émerger d’une coopération renforcée entre l’Europe centrale et la Chine.

La Chine finance et construit déjà des infrastructures en Europe centrale (un projet ferroviaire en Hongrie, un pont en Croatie…). La BRI chinoise, le réseau Ten-T de l’UE et l’initiative des Trois Mers, s’ils sont coordonnés, pourront apporter le développement et la connectivité dans la région.

L’initiative des Trois Mers peut également offrir plus d’expérience aux entreprises d’Europe centrale pour développer des projets multilatéraux, et elles peuvent ensuite développer leurs activités dans d’autres régions le long des nouvelles routes de la Soie.

L’Europe et la Chine souffrent toutes deux d’inégalités régionales et la coopération sur l’initiative des «Trois Mers » et l’initiative « Belt and Road» peut constituer un cadre adéquat pour le partage d’expérience et d’expertise entre l’Europe et la Chine.

Le sommet de Tallinn

Lors du sommet de Tallinn, la priorité a été donnée aux hautes technologies et les autorités estoniennes ont présenté le concept de connectivité intelligente. Les participants ont également convenu d’augmenter leur contribution financière au fonds.

L’Initiative des Trois Mers et la BRI en Europe
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