par Dr. Sébastien Goulard

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Lorsque la Lituanie a décidé de quitter le mécanisme 17+1 de coopération avec la Chine en mai 2021, de nombreuses questions se sont posées quant à l’avenir de cette initiative. Créée en 2012, elle rassemblait 17 pays d’Europe centrale et orientale (PECO) et la Chine ; ces états développent ensemble des initiatives pour favoriser les échanges et le dialogue entre les deux régions.

Selon les autorités chinoises, le départ de la Lituanie est une bonne décision, car celui-ci peut en fait être l’occasion d’améliorer la coopération Chine-PECO. Ces derniers mois, les autorités de Vilnius ont formulé des critiques qui ont embarrassé la Chine.

Cependant, le principal obstacle à une coopération renforcée avec le mécanisme 17+1 est que cette initiative rassemble des pays très différents qui ne partagent pas les mêmes intérêts ou position vis-à-vis de la Chine. Premièrement, leur niveau de développement est très contrasté, entre l’Albanie (avec un PIB de 5 349 $ par habitant en 2019) et l’Estonie (avec un PIB de 23 723 $ par habitant en 2019). Mais surtout, ils n’appartiennent pas tous à l’Union européenne. 5 sur 17 sont des pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Macédoine du Nord et Serbie) toujours hors de l’Union. Il est donc difficile de parvenir à un consensus sur leurs relations avec la Chine. De plus, les membres de l’UE ne peuvent pas prendre de décision concernant le commerce international sans le consentement des institutions européennes à Bruxelles. Cela signifie que les possibilités offertes par le mécanisme 17+21 sont plutôt limitées.

D’autre part, en raison d’un manque de cohésion entre eux, les PECO sont en concurrence les uns avec les autres concernant d’éventuels investissements en provenance de Chine. La Grèce, la Serbie et la Hongrie sont devenues avec succès les principales destinations des IDE (investissements directs étrangers) chinois dans la région. Un projet majeur promu par la Chine est la construction d’un chemin de fer qui relierait Athènes en Méditerranée à Budapest, via Belgrade. Mais certains autres pays d’Europe centrale et orientale se sentent exclus de cette initiative et pourraient être réticents à s’impliquer davantage.

Au lieu d’un mécanisme 17+1, la Lituanie plaide pour un dialogue plus fort entre l’UE et la Chine. Trop souvent, les décisions importantes concernant les relations UE-Chine sont prises par le couple franco-allemand, et les autres membres de l’UE se sentent exclus. C’est la raison pour laquelle début juillet, le président lituanien Gitanas Nausėda a demandé à Charles Michel, président du Conseil européen, d’organiser cette année un sommet UE-Chine auquel chaque membre de l’UE participera.

Bien entendu, pour réussir, les membres de l’UE doivent d’abord travailler ensemble sur ce qu’ils veulent réaliser avec la Chine, notre premier partenaire commercial.

Du mécanisme 17+1 au 27+1 ?
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