par Dr. Sébastien Goulard

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Début septembre, Shanghai International Port Group (SIPG) a inauguré un nouveau terminal portuaire à Haïfa, en Israël. Cette opération est décrite comme un résultat majeur de la participation d’Israël à l’Initiative « Belt and Road » (BRI).

Le port de la baie de Haïfa

La société chinoise a remporté un appel d’offre en 2015 pour exploiter ce nouveau terminal de 18 000 conteneurs pendant 25 ans. S’il ne faut pas écarter la dimension géostratégique de cette opération, la construction de ce nouveau terminal portuaire a des finalités économiques. Les ports sont essentiels à la stratégie de transport d’Israël, car les liaisons routières avec les pays arabes sont limitées. Israël possède trois grands ports à Haïfa, Ashdod sur la mer Méditerranée et Eilat sur la mer Rouge. Eilat a été le premier port à être privatisé en 2013, et depuis lors, Israël a continué d’ouvrir ses installations portuaires aux investisseurs étrangers. En 2014, une autre entreprise publique chinoise, China Harbour Engineering Company, a remporté un appel d’offres pour la construction d’un nouveau port à Ashdod, qui sera ensuite exploité par une entreprise suisse.

Pour Israël, ces projets visent à mieux gérer le trafic commercial croissant dans ses ports. Selon les autorités israéliennes, ces mesures réduiront également le prix des marchandises importées. Les nouvelles relations développées avec les pays arabes tels que les Emirats Arabes Unis, Bahrein et le Maroc suite à l’accord de normalisation signé en 2020 créeront de nouvelles opportunités commerciales pour les entreprises israéliennes. Les ports israéliens doivent donc se préparer à une augmentation du trafic.

Les relations Chine-Israël

Les relations sino-israéliennes s’intensifient à un rythme rapide. La Chine est désormais le deuxième partenaire commercial d’Israël après les États-Unis. La coopération entre les deux pays se renforce à de nombreux niveaux, dont celui de la sécurité avec une première rencontre de responsables militaires chinois et israéliens en 2010. En 2014, un premier protocole d’accord sur l’agriculture a été signé entre la Chine et Israël dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ».

Dans un Moyen-Orient troublé, Israël présenter une forte stabilité et fait preuve d’une résilience économique qui rend le pays attractif pour les investisseurs chinois. Les ports ne sont pas les seules infrastructures dans lesquelles les entreprises chinoises ont investi, elles sont également actifs dans le secteur ferroviaire. En 2015, China Railway Tunnel Group a remporté un appel d’offres pour la construction du système de tramway de Tel-Aviv. En 2012, Israël a envisagé faire appel à  des entreprises chinoises pour la construction éventuelle d’un chemin de fer reliant Eilat à la mer Méditerranée. Bien que ce projet ait été gelés, une augmentation du trafic au le canal de Suez pourrait inciter Israël à revoir sa position.

Les entreprises d’état chinoises sont également actives dans le secteur de l’énergie avec SinoHydro qui construit une centrale hydroélectrique dans le nord-est d’Israël, qui devrait être achevée d’ici 2022.

La Chine s’intéresse également aux startups israéliennes innovantes et a conçu des programmes spéciaux pour soutenir la coopération avec les entreprises chinoises.

Cependant, selon certains experts comme Doron Ella, les investissements chinois en Israël ont culminé en 2018 et connaissent désormais une baisse.

De possibles obstacles

L’empreinte croissante de la Chine en Israël a suscité certaines inquiétudes de la part de commentateurs américains et israéliens. Certains à Washington craignent que la présence de la Chine en Israël nuise à la relation spéciale américano-israélienne. La marine américaine pourrait envisager de ne plus accoster au port de Haïfa si les États-Unis ne peuvent pas inspecter les installations de SIPG en Israël, -une demande refusée par le gouvernement israélien en 2020-. Certains Israéliens s’inquiètent également des bonnes relations entre Beijing et Téhéran.

Plus important encore, les startups israéliennes qui collaborent avec des entreprises chinoises pourraient se voir interdire d’opérer sur le marché américain à l’avenir.

Pour Israël, le principal défi sera de maintenir un certain équilibre entre les États-Unis et la Chine, mais le développement de l’initiative « Belt and Road » pourrait également aider Israël et certains États arabes à travailler ensemble sur des initiatives de connectivité régionale.

Haifa et l’initiative « Belt and Road »
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