par Dr. Sébastien Goulard

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Les autorités turques, iraniennes et pakistanaises ont convenu de reprendre la liaison Istanbul-Téhéran-Islamabad et d’accroître la connectivité de la Méditerranée orientale à l’Asie du Sud. La renaissance de cette voie ferrée est la conséquence du développement de l’initiative « Belt and Road » lancée par la Chine.

La ligne Istanbul-Téhéran-Islamabad

Le chemin de fer Istanbul-Téhéran-Islamabad (ITI) a été lancé pour la première fois en 2009 à titre expérimental. Cependant, les sanctions contre l’Iran, mais aussi le manque d’investissement dans les infrastructures et l’insuffisance des échanges ont rendu ce projet difficile à maintenir.

Début 2020, la Turquie, l’Iran et le Pakistan ont annoncé la relance de la ligne; cependant, en raison de la crise de Covid19, celle-ci a été retardée. En décembre 2020, lors de la 10e édition de la réunion des ministres des transports et des communications de l’Organisation de Coopération Economique à Istanbul, les trois pays ont décidé de remettre cette ligne en service en 2021.

Cet itinéraire s’étendra sur 6 500 km et sera l’une des lignes les plus longues de la région. Le voyage de l’ouest de la Turquie au centre du Pakistan ne prendra que 11 jours, ce qui en fait une alternative fiable et rapide au transport maritime.

L’ITI et l’ECO

L’ITI est un projet majeur développé par l’Organisation de coopération économique (Economic Cooperation Organization, ECO). Cette organisation régionale a été fondée par la Turquie, l’Iran et le Pakistan en 1985 pour stimuler le commerce et l’intégration régionale. En 1992, l’Afghanistan, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, la République kirghize, le Tadjikistan, le Turkménistan et l’Ouzbékistan ont rejoint l’ECO. Malgré des objectifs ambitieux, l’ECO a été confronté à de nombreux défis qui ont empêché l’organisation d’atteindre ses objectifs initiaux. La guerre et l’instabilité en Afghanistan ont longtemps été un obstacle majeur à la prospérité de la région. Les sanctions contre l’Iran ont dissuadé certaines entreprises et gouvernements de développer des initiatives régionales.

Avec l’ITI, l’Iran gagnera en visibilité régionale et pourra redevenir une plaque tournante entre l’Europe, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Asie du Sud.

L’ITI et la BRI

Le développement de l’initiative « Belt and Road Initiative » depuis 2013 a donné de nouvelles perspectives à l’ITI, la Turquie, l’Iran et le Pakistan ayant activement adopté le programme chinois.

La Chine et le Pakistan se sont engagés à développer leurs relations et à construire ensemble le Corridor Economique Chine-Pakistan (CECP). Un élément de ce corridor concerne la modernisation des infrastructures de transport au Pakistan: de nouvelles autoroutes et voies ferrées sont prévues dans le cadre de ce programme. Bien qu’une éventuelle liaison ferroviaire entre la Chine et le Pakistan n’ait toujours pas été décidée, d’autres projets ferroviaires entre les grandes villes pakistanaises sont en cours de construction. En décembre 2020, Islamabad et Pékin étaient encore en négociation sur le projet de rénovation de la ligne ML-1 (dualisation et la modernisation de la ligne ferroviaire) entre Karachi et Peshawar.

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De nombreuses voies ferrées au Pakistan n’ont pas été restaurées depuis près d’un siècle et doivent être sérieusement modernisées pour rendre le transport ferroviaire plus rapide et plus fiable. La ligne de chemin de fer reliant Quetta dans le Baloutchistan au Pakistan à Mirjaveh en Iran (ML-4) est particulièrement vulnérable et des plans ont été élaborés pour la moderniser.

Cependant, la Chine ouvre progressivement la BRI à d’autres pays, et souhaite que davantage d’entreprises non chinoises investissent dans des projets BRI. La mise à niveau de la ligne ITI ne sera pas entièrement financée par des fonds chinois. La Turquie, l’Iran et le Pakistan devront attirer des entreprises régionales et étrangères dans ce programme. Lorsque la ligne sera en service, elle deviendra un axe majeur de développement économique créant de nouvelles opportunités dans les villes et les zones économiques spéciales des trois pays.

Quels biens transportés?

Avec cette nouvelle ligne ferroviaire, la Turquie, l’Iran et le Pakistan se positionnent comme un hub majeur entre l’Europe et l’Asie. Mais cette nouvelle ligne de fret stimulera également la connectivité et les échanges entre les trois pays. Le commerce régional est limité. Par exemple, seules 1,26% des exportations pakistanaises ont pour destination la Turquie, et moins de 0,1% l’Iran.

Pour rendre cette vie rentable, le Pakistan, l’Iran et la Turquie devront mieux coordonner leurs politiques économiques afin que les entreprises locales utilisent cette nouvelle ligne.

Une nouvelle route vers la Chine?

Cette nouvelle ligne ne prendra tout son sens que lorsqu’elle sera reliée au territoire chinois et permettra d’augmenter les échanges de la Turquie au Xinjiang.

La Chine est aujourd’hui l’un des principaux partenaires commerciaux de la Turquie, de l’Iran et du Pakistan. Cette nouvelle ligne pourrait donc permettre d’accroître encore ces échanges.

Une ouverture régionale

La ligne ouvrira également davantage aux entreprises étrangères de nouvelles régions et villes en Turquie, en Iran et au Pakistan. Les entreprises européennes peuvent trouver de nouveaux marchés dans les trois pays pour développer de nouveaux liens.

La nouvelle ligne ferroviaire Istanbul-Téhéran-Islamabad en 2021
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