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L’initiative « Belt and Road » ne concerne pas seulement les échanges commerciaux, c’est aussi un projet culturel qui fait de la Chine un nouveau carrefour des cultures du monde.  

L’essor de la langue chinoise

Le développement de l’initiative « Belt and Road » a accéléré l’attrait pour la langue chinoise. En dehors de la Chine, la langue chinoise n’est plus considérée comme une langue rare. Le réseau des 539 instituts Confucius couvre aujourd’hui l’ensemble de la planète grâce à une présence dans plus de 150 pays, et d’autres établissements sont en projet. Mais l’apprentissage de la langue chinoise ne se fait pas seulement à travers les instituts Confucius. Plusieurs états en Afrique, au Moyen-Orient, ou encore la Russie prévoient de rendre l’apprentissage du chinois obligatoire à l’école.

De même, les étudiants étrangers, notamment ceux originaires des états de la BRI sont de plus en plus nombreux à rejoindre les bancs des universités chinoises.  La Chine est aujourd’hui la seconde destination universitaire mondiale après les Etats-Unis.

La langue chinoise attire en raison de nombreuses opportunités qu’elle présente, notamment à travers la BRI. L’implantation de nouvelles entreprises chinoises en Asie et en Afrique poussent les étudiants locaux à étudier cette langue pour progresser professionnellement.

Mais, il faut noter que cet échange ne se fait pas que dans un sens. Alors que le monde cherche à parler chinois, la Chine quant à elle apprend de nouvelles langues, notamment des langues locales.

L’apprentissage des langues du Pacifique

Un récent article publié par Zhang Denghua et Setope So‘oa‘emalelagi revient sur l’enseignement de plusieurs langues de l’Océanie à l’université des études étrangères de Beijing. Des étudiants chinois (ou autres), pourront prochainement y étudier des langues du Pacifique comme le Tok-misin, le Maori, le Samoan, le Fidjien, ou le Tongan. Ces langues sont très peu parlées en dehors de ces îles. De plus pour une majorité, ces langues ne sont pas « nécessaires » pour le commerce entre la Chine et les états du Pacifique, puisqu’elles cohabitent avec l’anglais qui y est très répandu.  Cependant, cette expérience est intéressante et témoigne de plusieurs phénomènes. Elle montre que la Chine manifeste un intérêt croissant pour les états de l’Océanie, et désire faire participer plus largement les états insulaires du Pacifique dans la BRI. D’autre part, cette initiative permet de créer des liens solides entre la Chine et les états insulaires ; ainsi dans un premier temps, des professeurs océaniens seront employés par des universités chinoises à Beijing.  Enfin, le développement de l’apprentissage des langues du Pacifique en Chine devrait permettre aux entreprises chinoises de s’adapter au mieux aux marchés locaux.

Bien sûr, on peut se demander si la demande parmi les étudiants sera suffisante pour l’apprentissage des langues océaniennes. Mais le pari de la Chine est aussi de devenir un centre universitaire et culturel majeur des études du Pacifique comme l’Australie ou les Etats-Unis.

…et de l’Afrique.

L’Afrique est bien sûr un continent majeur de la BRI, et pour conclure de nouveaux partenariats, la Chine y développe une politique culturelle et linguistique ambitieuse. Tout d’abord, c’est notamment en partie grâce à l’Afrique que la langue française et le portugais continuent à attirer les étudiants chinois.

Il y a aujourd’hui plus de francophones en Afrique qu’en France. Si le français est devenu la langue maternelle de millions d’Africains, sa situation dépend d’un pays à l’autre. Ainsi le français est parlé très largement dans certains centres économiques comme Abidjan en Côte-d’Ivoire, mais il reste avant tout la langue de l’éducation. C’est aussi une langue véhiculaire permettant les échanges entre les différentes communautés linguistiques. Le français a ainsi été choisi comme langue officielle unique dans 11 pays africains pour assurer la coexistence entre les différents peuples, et partage ce statut de langue officielle dans dix autres pays africains, le plus souvent avec une langue locale.

Ces langues locales peuvent être parlées par plusieurs millions d’habitants comme le kikongo en république du Congo. Si le français devrait conserver son statut de langue véhiculaire dans de nombreux états d’Afrique francophone, on devrait assister aussi à un développement des langues locales. Le développement des nouvelles technologies devrait aussi permettre un accès plus aisé à l’éducation en langues africaines.

La Chine fait le pari des langues africaines. Depuis 2017, le comorien et le Ndébélé (Zimbabwe) sont enseignés à Beijing. Pour la Chine, il s’agit de répondre au plus près aux attentes des Africains et ainsi s’implanter plus facilement dans les différents pays d’Afrique en s’adaptant aux pratiques culturelles locales. C’est aussi un moyen pour faire de Beijing, un nouveau centre majeur des études africaines.

La BRI est donc une initiative d’échange, si elle promeut la mondialisation, et encourage l’étude du chinois, elle pourrait aussi permettre la préservation de certaines langues locales.

Pour l’Europe, et notamment la France, le défi majeur sera de continuer à soutenir la langue française en Afrique, tout en permettant le développement des langues locales, afin de ne pas affaiblir les relations entre la France et l’Afrique.

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