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par Federica Russo

En mars dernier, l’Italie est devenue officiellement le premier pays du G7 à adhérer à l’initiative « Belt and Road » grâce à la signature d’un protocole d’accord s’inscrivant dans le contexte d’un monde multipolaire. Beijing et Rome ont donné un nouvel élan à leurs relations bilatérales en renforçant la coopération économique, financière et culturelle par le biais de partenariats entre organisations et institutions publiques et privées. Dans le cadre de ces alliances, une attention particulière a été accordée à Cassa Depositi e Prestiti Spa, une société par actions italienne qui relève du ministère de l’Économie et des Finances et à d’autres institutions bancaires, dont le principal objectif est d’utiliser l’épargne de ses clients italiens afin de stimuler la croissance économique et infrastructurelle du pays. Au cours de ces derniers mois, la CDP a construit de canaux de communication avec la Banque de Chine afin d’émettre des obligations libellées en yuan, qui sont reconnues internationalement sous le nom d’ « obligations panda ». Ces instruments spécifiques ne peuvent être émis qu’après autorisation de la Banque populaire de Chine, dont la décision fait suite à l’avis d »agences de notation chinoises qui prennent en compte la situation économique et financière globale des banques étrangères.

Le 26 juillet, la Cassa Depositi e Prestiti a publié un communiqué sur son site Web pour confirmer le triple-A obtenu par l’agence de notation China Chengxin International Credit Rating Co.Ltd, marquant ainsi la mise en œuvre d’un plan de 5 milliards de renminbi visant à trouver les ressources nécessaires pour développer des projets d’entreprises. En effet, la priorité consiste à émettre des obligations achetées par des investisseurs institutionnels chinois afin de collecter des liquidités pour les sociétés italiennes et leur internationalisation sur le marché chinois. Toutefois, l’Italie n’est pas le seul membre de l’Union européenne à avoir renforcé ses liens avec la Chine, en percevant la pertinence de cette stratégie d’ouverture. Le Portugal est devenu le premier pays de la zone euro à avoir émis des « obligations panda » avec un programme de 2 milliards de yuans en mai 2019. Auparavant, Varsovie et Budapest avaient rejoint le marché interbancaire chinois. La Hongrie a émis son premier milliard d’obligations panda en juillet 2017, tandis que la Pologne avait déjà contribué à l’expansion de ces outils en 2016.

L’émission d’obligations en yuan a pris son envol en 2005 et présente différentes caractéristiques. Les deux premiers emprunts de panda ont été émis par la Société financière internationale (banque Mondiale) et la Banque Asiatique de développement pour une valeur de 4 milliards de RMB. Cependant, ils ont considérablement évolué par rapport à 2015, lorsque HSBC et Daimler AG ont été agréés par la Banque Populaire de Chine, pour des émissions commerciales en plus des émissions souveraines initiées par la Corée du Sud, la province de la Colombie-Britannique au Canada et récemment poursuivie par les Philippines. Par ailleurs, plusieurs sociétés multinationales sont intéressées par le marché obligataire domestique chinois. Un exemple est celui du constructeur automobile allemand BMW qui a signé un contrat de 3 milliards de yuans pour émettre des obligations panda cette année. Selon le China Daily, la valeur totale des obligations panda libellées en yuans était passée de 2 milliards en 2014, à 130 en 2016 et à 95,59 en 2018, enregistrant une croissance robuste.

D’autre part, il est intéressant de noter comment l’expansion de ce marché a pris différentes nuances, même en termes de diversification, grâce aux obligations sociales ou globales. Les autorités chinoises ont mis en place un « système financier vert » qui permet de cibler de meilleurs résultats sociétaux. Les obligations vertes ont servi cet objectif en promouvant et en finançant des entreprises désireuses d’investir dans le développement durable. Ces obligations particulières ont eu un impact bénéfique en 2016, lorsque la Nouvelle Banque de Développement les a émises pour financer des projets d’énergies renouvelables en Chine, en Russie et au Brésil.

Grâce à ces instruments d’emprunt, les entreprises pourraient mobiliser des capitaux pour financer leurs activités à l’étranger, en particulier sur le marché chinois complexe, qui offre des opportunités de croissance exponentielles à ceux qui sont capables d’interpréter sa dynamique financière, économique et culturelle. Parallèlement, les opérations des émetteurs souverains ont une double fonction: d’un côté, elles impliquent la présence d’investisseurs internationaux qui souhaitent détenir des avoirs en yuan pour couvrir les risques de change, d’autre part, les obligations panda deviennent une sorte d’outils diplomatiques pour renforcer les échanges avec le Dragon chinois, qui en a fait l’un des piliers de son plan d’internationalisation du yuan, lancé en 2009.

Le marché obligataire onshore de la Chine est le troisième plus important marché mondial  et représente environ 11,9 milliards de dollars américains. Malgré le nombre d’investisseurs nationaux, des progrès manifestes ont été accomplis vers une plus grande ouverture démontrant la capacité de la Chine à construire une société intégrée selon le concept de «connectivité».

Federica Russo est une chercheuse indépendante italienne qui s’intéresse principalement à l’engagement économique chinois sur la scène mondiale. Ses articles ont été publiés dans Asia Times, l’Institut népalais pour la coopération et l’engagement internationaux, Political Insights et Il Caffè Geopolitico. Elle étudie l’administration des affaires avec un intérêt particulier pour le comportement organisationnel, la gestion interculturelle et le leadership.

Introduction aux obligations « panda » chinoises
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