Depuis le premier forum « Belt and Road » en 2017, l’initiative chinoise a réalisé de nombreux progrès et s’est développée sur tous les continents. La BRI témoigne bien sûr de la nouvelle puissance chinoise, comme l’a souligné Josep Borrell Fontelles, le ministre espagnol des affaires étrangères, mais si l’ensemble du monde se tourne aujourd’hui vers la BRI, c’est principalement parce que cette initiative est vue de manière positive. La BRI était un temps considérée seulement comme un instrument d’influence de la Chine, cette approche n’est aujourd’hui plus d’actualité. Lors du second forum « Belt and Road », qui s’est déroulé les 25 et 26 avril 2019, l’ensemble des participants ont pu réfléchir au futur des nouvelles routes de la Soie.
Si la Chine joue un rôle de première importance dans cette initiative, on constate que certains pays s’emparent du sujet et formulent des propositions intéressantes. C’est ainsi le cas du Pakistan qui a avancé le concept de corridor touristique, mais aussi de la Russie.
Le plan pakistanais de connectivité
Le Pakistan est l’un des états les plus impliqués dans la BRI. Islamabad et Beijing coopèrent étroitement pour développer les infrastructures pakistanaises. Les projets de la BRI au Pakistan sont estimés à plus de 64 milliards de dollars. L’ensemble du Pakistan devrait bientôt être connecté à la Chine grâce à de nouveaux réseaux routiers, ferroviaires, technologiques. L’un des projets phares du corridor économique Chine-Pakistan est bien sûr le développement du port en eau profonde de Gwadar dans la province du Baloutchistan qui devrait à terme devenir un hub majeur entre l’Asie et le Moyen-Orient grâce aux investissements chinois réalisés dans la région notamment à travers une nouvelle zone économique spéciale.
Lors de ce second forum, le premier ministre pakistanais Imran Khan a invité les autres membres de la BRI à réfléchir sur de nouveaux projets pour renforcer la connectivité et les échanges avec le reste du monde, en présentant un plan en cinq points.
- Premièrement, le premier ministre pakistanais, comme le président chinois, a insisté sur la dimension environnementale de la BRI, et a proposé de créer de nouvelles forêts le long des nouvelles routes de la Soie.
- Le deuxième point de son plan concerne le développement de corridors touristiques qui permettraient de développer les échanges culturels entre les états de la BRI. Le Pakistan espère attirer plus de visiteurs et faire découvrir son patrimoine aux touristes du monde entier.
- Imran Khan comprend aussi que le succès des projets de la BRI dépendra en grande partie de leur transparence et appelle l’ensemble des états à coopérer en matière de lutte contre la corruption, il suggère ainsi la création d’une nouvelle agence pour combattre la corruption dans les projets de la BRI.
- Il est aussi conscient que l’une des priorités de la BRI doit être de s’attaquer à la pauvreté et encourage donc les membres de la BRI à renforcer leur coopération dans ce domaine.
- Enfin, Imran Khan encourage le libre-échange entre les membres de la BRI, qui doivent renforcer leur coopération pour soutenir les petites et moyennes entreprises du secteur privé.
Renforcer la connectivité en Eurasie
Le président russe a lui aussi participé au 2nd forum « Belt and Road » et a appelé à plus de coordination entre les membres de la BRI, principalement en Asie centrale. L’objectif de la Russie est de trouver des synergies avec la Chine et les états d’Asie centrale.
Dans son discours, Vladimir Poutine présente son projet d’intégration régionale « le partenariat pour une grande Eurasie » (Greater Eurasia partnership) comme complémentaire à la BRI, et désire renforcer les liens entre l’Union Economique Eurasiatique (composée de cinq états : Russie, Arménie, Biélorussie, Kazakhstan et Kirghizistan) et la Chine, mais aussi les autres états de la BRI.
D’autre part, le président russe liste trois priorités pour lesquelles il espère plus de coopération. La première concerne les infrastructures de transports. La Russie est en train de moderniser le réseau ferroviaire du transsibérien, un axe majeur des échanges entre l’Europe et l’Asie. Le développent de la route de l’Arctique est un autre axe sur lequel la Chine et la Russie peuvent coopérer, tout comme « le corridor international de transport nord-sud » qui relie la Russie, l’Azerbaïdjan et l’Iran.
Le second secteur concerne l’énergie. La Russie espère renforcer le réseau des infrastructures d’énergie en Eurasie. Elle possède aujourd’hui les réserves de gaz naturel les plus importantes et espère développer de nouveaux projets dans l’Extrême-Orient russe dans lesquels des partenaires chinois pourraient investir.
Enfin, Vladimir Poutine s’est prononcé pour un renforcement de la coopération en matière de solutions digitales pour faciliter les échanges en Europe et Asie.
Du Pakistan à la Russie, l’initiative « Belt and Road » est vue comme un moyen de développer les échanges avec le reste du monde et promouvoir l’intégration régionale. La BRI est donc bien plus qu’une initiative chinoise et propose des solutions pour des enjeux mondiaux.
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