par Dr. Sébastien Goulard
La démission du Premier ministre estonien Jüri Ratason le 13 janvier 2021, à la suite de soupçons de corruption en rapport avec l’agence de crédit publique KredEx, a conduit à la formation d’un nouveau gouvernement mené par Kaja Kall le 26 janvier. Il est entendu que le nouveau gouvernement pourrait envisager de relancer le projet de tunnel Helsinki-Tallinn.
Le projet de tunnel sous la mer baltique est apparu pour la première fois à la fin des années 2000 et un certain nombre d’études de faisabilité ont été menés. En mars 2019, l’entrepreneur finlandais et ancien directeur de Rovio Entertainment (Angry birds), Peter Vesterbacka, a annoncé qu’il serait intéressé à développer ce projet avec le soutien de la société chinoise Touchstone Capital Partners Ltd. Cependant, l’année dernière, le gouvernement estonien a refusé de développer ce projet.
Néanmoins, le gouvernement de Kaja Kalla semble s’intéresser à l’initiative et pourrait entamer de nouvelles discussions avec la Finlande concernant la construction de ce projet de tunnel.
Une fois construit, le tunnel de 100 km reliant Tallinn à Helsinki serait deux fois plus long que le tunnel sous la Manche et deviendrait ainsi le plus long tunnel au monde.
Selon les partisans de ce projet, un tunnel ferroviaire proposés serait une solution plus écologique que le transport par ferry, et rendrait plus fluides les transports de marchandises entre la Finlande et le reste du continent européen. Si ce tunnel est construit, il devrait grandement améliorer la connectivité entre les deux capitales et réduire le temps de trajet de 2 heures en ferry à seulement 20 minutes en train.
Des précédents projets de l’initiative « Belt and Road » et autres projets de construction menés ou financés par des entreprises chinoises en Europe ont obtenu un soutien en Europe, et notamment en Europe du Nord. En décembre 2018, un pont construit par une entreprise chinoise (The Sichuan Road and Bridge Group) a été inauguré près de Narvik en Norvège.
Cependant, les médias finlandais ont signalé un manque de transparence publique dans le fonctionnement de Touchstone Capital Partners et ont exprimé des doutes sur la capacité financière de cette entreprise en tant qu’investisseur.
Afin d’opérer dans l’UE, et en particulier en Europe du Nord où la gouvernance est une priorité, les entreprises chinoises devront continuer à améliorer leur niveau de transparence.
En cas de succès, le développement conjoint de ce projet financé par la Chine et l’UE, les investissements chinois à Helsinki et à Tallinn pourraient faire boule de neige et davantage d’entreprises chinoises pourraient décider d’opérer à partir des parcs nouvellement créés à chaque extrémité du tunnel.
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