En mars dernier, OBOReurope avait interviewé Charles Stevens, le fondateurs du New Silk Road Project qui projetait de rouler sur les nouvelles routes de la Soie entre le Royaume-Uni et la Chine, pour mieux comprendre le projet chinois de l’initiative Belt and Road.
Charles Stevens et ses amis sont maintenant de retour à Londres après avoir effectué cet été cet incroyable voyage.
Ces jeunes anglais ont suivi les routes et rails qui les ont menés jusqu’en Chine en passant par les Pays-Bas, l’Allemagne, la Pologne, la Hongrie, la Serbie, la Macédoine, la Grèce, la Turquie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et le Kirghizstan. Début août, ils sont arrivés à Yiwu, dans la province du Zhejiang, ville renommée pour ces marchés de gros et abritant l’un des terminus du chemin de fer Trans-Eurasie. Partout, ils ont pu constater l’effervescence qu’apportait ce projet.
Dans chaque pays, ils se sont efforcés de visiter les sites associés à la BRI et de rencontrer les responsables qui participent au développement de ce nouvel axe de communication entre l’Europe et l’Asie.
Ils ont pu visiter les principaux hubs de cette nouvelle route de la Soie. En Europe, après s’être entretenus avec des responsables du port de Rotterdam, l’une des principales portes d’entrée des marchandises chinoises en Europe, ils ont roulé jusqu’à Małaszewicze, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. La construction des nouvelles routes de la Soie y est vue comme une opportunité pour cette région. C’est de cette gare que les trains en provenance de Chine sont ensuite dispatchés dans l’ensemble de l’Union Européenne, après que les containers aient été transférés sur de nouveaux trains en raison de la différence d’écartement des rails entre la Biélorussie et la Pologne.
En Grèce, Charles Stevens et ses amis se sont rendus au port du Pirée qui est devenu l’un des principaux port pour le trafic maritime en provenance de Chine en méditerranée orientale. L’entreprise chinoise COSCO est devenue en 2016 le principal actionnaire du port du Pirée, et prévoit de développer ce port dans les prochaines années.
Charles Stevens et ses compagnons ont pu aussi se rendre à la frontière entre la Chine et le Kazakhstan, au port sec de Khorgos. Ce nouvel hub ferroviaire géré par COSCO et DP World est au centre du plan de développement du transport ferroviaire entre l’Asie et l’Europe. Le Kazakhstan mise beaucoup sur ce projet pour assurer son développement.
A chaque étape de leur parcours, ils ont pu noter l’intérêt des responsables locaux pour ce projet et la dimension importante qu’ont pris les nouvelles routes de la Soie dans les stratégie de développement national, notamment à Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan. Ce pays du Caucase voit avec beaucoup d’intérêt la création d’un nouveau corridor reliant l’Asie centrale à l’Europe.
Malgré la promotion de ces différents corridors, traversant la Russie ou l’Azerbaïdjan, Charles Stevens n’a pas noté de concurrence à ce stade entre les différents sites de la BRI. En raison de l’importance des échanges entre la Chine, l’Asie centrale et l’Europe, il y a de la place pour l’ensemble des projets, qui sont plutôt complémentaires que concurrents. On assiste même à plus coopération entre les différents états pour développer les corridors comme par exemple entre la Géorgie, l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan.
Il y a bien sûr quelques craintes à propos de la BRI en raison de la présence chinoise et sur le fait que l’initiative « Belt and Road » reste relativement floue pour de nombreux responsables locaux. Beijing devra redoubler de pédagogie pour assurer le succès de la BRI. L’ensemble de ses interlocuteurs sont convaincus que nous sommes qu’au tout début de la BRI et qu’il faudra plusieurs années pour que ce projet soit complet. Ils notent aussi que cette initiative aura des conséquences économiques et politiques majeures sur leur pays. La Chine devient un partenaire privilégié pour l’ensemble des états traversés par les nouvelles routes de la Soie.
Un autre point important soulevé par Charles Stevens est que les hubs de la BRI cherchent à attirer essentiellement des entreprises et investisseurs chinois. Les entreprises étrangères et notamment européennes sont peu présentes sur ces nouvelles routes à part quelques groupes leaders de la logistique comme DHL. Il est nécessaire que des entreprises non-chinoises soient elles aussi impliquées dans cette initiative.
L’équipe du « New Silk Road Project » menée par Charles Stevens a posé de nombreuses questions aux responsables de la BRI rencontrés lors de ce périple. Charles Stevens et ses compagnons leur ont demandé notamment quel mot et quelle image symbolisaient le mieux la BRI, et la majorité a répondu la connectivité et l’image d’un train reliant l’Asie à l’Europe. Bien sûr, l’équipe du New Silk Road Projct a en majorité interrogé des responsables de la logistique mais l’image du train reste un symbole fort des nouvelles routes de la Soie.
Lors de ce périple, Charles Stevens était accompagné de Tom Micklethwait (Georgetown University), Rob Krawczyk (Oxford University) et Will Chamberlain (St Andrews University). Charles Stevens et Tom Micklethwait ont effectué ce voyage dans son intégralité. Rob Krawczyk les a rejoint en Géorgie, et Will Chamberlain les a accompagnés entre la Grèce et l’Azerbaïdjan. Wade Shepard (contributeur régulier à Forbes et au Guardian sur le sujet des routes de la Soie) devait aussi effectuer ce voyage, mais a du y renoncer au dernier moment.
Après avoir accompli leur objectif, Charles Stevens et ses compagnons de voyage vont se rendre dans les principaux thinktanks américains dont le « Center for Strategic and International Studies » à Washington, qui a soutenu leur projet (les autres sponsors étant Jeep, le Silk Road Briefing, Magellan Capital et l’University of Saint Andrews) pour exposer le résultat de leurs recherches et faire avancer la réflexion sur les nouvelles routes de la Soie. Une publication sur leur projet est en préparation. Il est certain que d’autres projets verront le jours car la mise en place de l’initiative « Belt and Road » n’en est qu’à ses débuts. Charles Stevens nous a confié qu’il souhait continuer à étudier ce sujet passionnant et ainsi renforcer les échanges entre l’Europe et la Chine.
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