Narendra Modi, Xi Jinping, 2016

Début mars 2017, Madame Fu Ying, porte-parole de la 5e  session annuelle de la 12e  Assemblée populaire nationale de Chine a encouragé l’Inde à intégrer l’initiative de l’OBOR. Mais jusqu’à présent l’Inde tarde à accepter cette proposition.

a) L’OBOR et la question du Cachemire

Le principal obstacle à la participation de l’Inde au projet de l’OBOR concerne la question du Cachemire. Pour Jaishankar, ministre indien des affaires étrangères, l’Inde ne peut accepter le fait que le Corridor Economique Chine-Pakistan, un projet soutenu par l’initiative « Belt and Road », passe par le Cachemire, une région revendiquée par l’Inde. Pour New Delhi, ce projet va à l’encontre de sa souveraineté.  La région du Cachemire est totalement ou partiellement disputée entre l’Inde, le Pakistan et la Chine depuis soixante-dix ans. L’Inde et le Pakistan se sont affrontés à trois reprises pour la conquête du Cachemire en 1947, 1965 et 1999. Aucune solution n’a été trouvée jusqu’alors. Depuis, les relations entre l’Inde et le Pakistan restent fragiles. D’autre part, la Chine est considérée comme un allié très proche du Pakistan, et les relations sino-indiennes sont minées par la question des litiges frontaliers. Malgré ces tensions, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Inde sont très élevés (ils atteignaient près de 70 milliards de dollars en 2015). La Chine et l’Inde, tous deux membres des BRICS, échangent régulièrement sur l’économie mondiale. Les deux états aspirent à devenir des puissances mondiales majeures, mais pour cela, elles doivent surmonter leurs différends.

Le projet OBOR pourrait servir de vecteur de coopération et de stabilisation entre l’Inde, le Pakistan et la Chine. L’OBOR pourrait permettre de développer des projets communs qui permettraient plus de coopération entre les trois pays sur des questions spécifiques de développement. Le Cachemire est une région stratégique, notamment pour ses ressources en eau. La gestion de l’eau pourraient devenir un thème majeur de l’initiative de l’OBOR. Le désenclavement des régions de l’arc himalayen pourrait être un autre objectif de l’OBOR sur lequel l’Inde, la Chine et le Pakistan pourraient trouver un accord.

b) L’Europe et l’adhésion de l’Inde à l’OBOR

La participation de l’Inde à l’OBOR pourrait être un atout pour les entreprises européennes. L’Union Européenne est aujourd’hui le second partenaire commercial de l’Inde après les états membres du Conseil de Coopération du Golfe ; et l’Inde est le neuvième partenaire commercial de l’UE. Les négociations pour un accord de libre échange entre les deux régions initiées en 2007 ont été interrompues en 2013.

L’adhésion de l’Inde à l’OBOR pourrait améliorer l’ensemble des infrastructures du pays. Le ministre des finances indien Arun Jaitley a fait de l’amélioration des infrastructures une priorité pour son pays, afin que l’ensemble des villages soient connectés. Selon le projet de budget 2017, le secteur des transports ferroviaires (passagers et marchandises) devrait être fortement modernisé. Le budget comprend aussi la construction de 10 millions de logements abordables pour 2019, ce qui demandera aussi des investissements dans l’énergie, les transports, les services des eaux…. En juin 2016, Arun Jaitley avait appelé les entrepreneurs chinois à investir dans les infrastructures indiennes. Les entreprises européennes pourraient aussi bénéficier de cette politique et trouver de nouvelles opportunités en Inde. En adhérant à l’OBOR, l’Inde pourrait moderniser ses infrastructures plus rapidement et surtout celles-ci seraient mieux intégrées dans leur environnement régional ce qui encouragerait les échanges avec la Chine mais aussi avec l’Europe avec notamment de possible connections ferroviaires reliant l’Inde à l’Europe.

D’autre part, le projet « One Belt One Road » a aussi pour objectif de faciliter les procédures commerciales dans ses états membres. En adhérant à la nouvelle route de la Soie, l’Inde et son marche en pleine croissance (7,6% en 2015) deviendrait encore plus attractif pour les Européens.

New Delhi, invitée à participer à l’OBOR
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