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Selon toute vraisemblance, l’Italie et la Chine devraient signer, lors de la prochaine visite  du président Xi Jinping à Rome le 24 mars 2019,   un mémorandum  d’entente qui officialiserait la participation italienne aux nouvelles routes de la Soie.

Grâce à ce nouveau partenariat, l’Italie espère devenir la porte d’entrée des investissements chinois en Europe.

Pour réussir ce défi, Rome devra convaincre ses partenaires de l’importance stratégique de l’initiative « Belt and Road », -l’Allemagne a déjà manifesté quelques réticences envers le projet chinois-, et devra donc proposer des projets qui favoriseront l’intégration européenne.

Pour que ces ambitions se réalisent, l’Italie devra coopérer avec ces voisins, car c’est principalement le marché européen, et non pas que celui italien que vise les entreprises chinoises avec les nouvelles routes de la Soie.

Aucun état européen n’a les capacités de dialoguer seul avec la Chine. Sans concertation, la participation européenne à la BRI serait menacée et il y aurait un risque de duplication d’infrastructures notamment en Méditerranée.

Les ports de Trieste, Gênes et Palerme

Les ports de Trieste, Gênes et Palerme sont en première ligne pour attirer les investisseurs chinois et devenir des hubs maritimes en Méditerranée. 

Trieste dispose de nombreux atouts pour devenir un port important de la BRI, il est proche des grandes métropoles du nord de l’Italie, et peut être connecté aux états d’Europe centrale. Cependant Trieste est une ville presqu’entièrement enclavée dans le territoire slovène. Mais la Slovénie a aussi ses propres plans concernant la BRI. En juin 2018, le port slovène de Koper était fier d’annoncer sa participation aux nouvelles routes de la Soie, après avoir passé un accord avec le port chinois de Ningbo.

Koper est l’unique port de Slovénie. En 2017, les deux ports ont cherché à renforcer leur coopération pour grandir ensemble. Le développement de Trieste à travers la BRI, pourrait menacer cet équilibre. Il ne faut pas oublier que les infrastructures ne constituent qu’un aspect de la BRI, l’autre concernant la facilitation des échanges. Si le port de Koper se trouvait trop lourdement impacté par le développement de Trieste, les responsables slovènes pourraient chercher à dresser des obstacles à la bonne connexion entre Trieste et le cœur de l’Europe .

D’autres états de la mer adriatique ambitionnent eux aussi de profiter des échanges avec la Chine. Ainsi, la Croatie espère que le port de Rijeka devienne lui aussi un hub régional. Le gouvernement croate a d’ailleurs déjà fait savoir que les entreprises chinoises étaient les bienvenues pour la construction de la nouvelle route qui devrait relier les différents terminaux du port de Rijeka.

Une plus grande coopération sera nécessaire en mer adriatique pour coordonner le développement de ces ports.

Le port de Gènes en Ligurie pourrait aussi prochainement signer un accord avec « China Communications Construction Company », et capter une partie du trafic maritime en Méditerranée occidentale. Mais ce projet dépend grandement des réseaux intermodaux entre Gènes et le reste de l’Europe, et notamment de la ligne de chemin de fer Lyon-Turin, dont les travaux devraient voir rapidement le jour. Mais la France pourrait ralentir l’intermodalité de Gènes pour favoriser son port de Marseille, lui aussi intéressé par la BRI.

Le troisième port italien qui pourrait intégrer la BRI est Palerme qui deviendrait alors l’une des plaques tournantes du trafic entre l’Afrique du nord et l’Europe. Mais, le port sicilien, s’il est proche des côtes africaines, n’offre pas de connections optimales avec le marché européen, à moins que ne soit relancé le projet de pont sur le détroit de Messine.    

On ne peut que se féliciter de l’intérêt de l’Italie pour la BRI ; cependant, il manque encore une stratégie européenne pour répondre à l’initiative chinoise. Sans coordination au niveau européen, les différents projets de connectivité entre l’Europe et la Chine risquent de se concurrencer, en mettant à mal les finances de certains états, et pourraient paradoxalement ralentir les échanges entre l’Europe et la Chine  à mesure que les états européens dresseraient des obstacles à leurs voisins pour favoriser leurs ports nationaux.

L’Italie et la BRI : le défi de l’intégration européenne
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