par Dr. Sébastien Goulard

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En pleine pandémie de Covid-19, le transport ferroviaire de marchandises depuis la Chine vers l’Europe a considérablement augmenté. Depuis l’annonce du président Xi Jinping de relancer la Route de la soie en 2013, de nouvelles routes ferroviaires ont été créées pour relier les villes chinoises et européennes. La crise actuelle de la Covid-19 accélère le développement de nouvelles routes entre la Chine et l’Europe.

Mais plusieurs défis doivent être relevés pour en faire une alternative au transport maritime.

Nouveaux records

Un article récent écrit par Cissy Zhou et publié par le SCMP montre que plus de 1200 trains ont transporté des marchandises de Chine vers l’Europe en juillet 2020, soit une augmentation de 68% par rapport à l’année dernière.

La crise du Covid-19 prouve l’utilité de cette nouvelle option de transport. Alors que le transport ferroviaire transcontinental peut avoir été injustement considéré par certains observateurs comme une mesure de relations publiques de la Chine pour promouvoir l’iniative « Belt and Road » (BRI), il s’agit, en fait, d’un transport valide et efficace qui a montré son utilité durant la crise. En raison de l’interruption du trafic aérien et des routes maritimes en partie perturbées, les compagnies chinoises ont opté pour le train pour maintenir les échanges avec l’Europe et la Russie. Par exemple, comme nous l’avons déjà mentionné dans un article précédent, du matériel médical a été transporté de Chine vers l’Europe par train pendant le pic de l’épidémie.

Cependant, il faut noter que le transport ferroviaire reste marginal et ne peut pas remplacer entièrement le transport maritime, qui représente la majorité des marchandises transportées entre la Chine et l’Europe.

La croissance du fret ferroviaire montre également qu’en dépit de la crise, le commerce se poursuit et que l’Europe importe toujours de Chine.

D’autres défis à venir

Afin de soutenir la croissance du trafic de fret ferroviaire entre la Chine et l’Europe, plusieurs questions doivent être abordées.

Nous devons tout d’abord nous demander s’il ne s’agit pas seulement d’une tendance temporaire, et nous devons nous assurer que le fret ferroviaire continuera de croître lorsque la crise sera terminée. Lorsque la pandémie sera arrêtée, les entreprises continueront-elles à privilégier le train? Il est nécessaire de fidéliser les entreprises chinoises et européennes, et cela ne peut se faire qu’en investissant davantage dans ce service.

Fin juin 2020, certains postes frontières montraient des signes de saturation, car l’infrastructure actuelle ne semblait pas prévue pour faire face à cette augmentation du trafic. Des études doivent être menées pour prévoir l’évolution du trafic ferroviaire UE-Chine, pour accélérer le transport transcontinental en réduisant les retards aux frontières. Pour continuer à attirer de nouveaux clients, le transport ferroviaire de marchandises doit être plus fluide. Des solutions numériques et des procédures douanières internationales simplifiées doivent être mises en œuvre. Il faut également investir davantage pour accroître les capacités des ports frontaliers et des terminaux afin d’accueillir un trafic de fret croissant.

Conteneurs vides de retour en Chine

Un autre problème à résoudre est le déséquilibre important des marchandises expédiées entre l’Europe et la Chine. À long terme, le développement du transport ferroviaire de marchandises ne sera pas durable s’il ne fonctionne que dans un seul sens. Trop souvent, les conteneurs qui reviennent d’Europe vers la Chine par le rail sont vides. Cela est principalement dû au déficit commercial structurel de l’UE avec la Chine. En 2019, le déficit commercial de l’UE a atteint 164 milliards d’euros. Cette année, à cause de la crise de Covid19, cela pourrait empirer.

Les conteneurs vides peuvent également s’expliquer en partie par le manque de coordination et de soutien offert par les gouvernements européens pour développer le transport ferroviaire transcontinental. Bien que les grandes entreprises européennes envisagent déjà d’exporter le transport ferroviaire vers la Chine, peu de petites et moyennes entreprises connaissent cette solution ; ou leur volume est insuffisant pour être transporté par le rail. Cela signifie que des services spéciaux et des incitations doivent être offerts aux PME européennes pour qu’elles se développent sur le marché chinois.

Le dernier kilomètre

Pour développer le transport ferroviaire transcontinental de fret, l’Europe devra investir davantage dans le dernier kilométrique. Un inconvénient majeur du réseau européen actuel du fret ferroviaire est que le transport entre les villes de second rang et les principaux hubs est encore trop coûteux et pas assez coordonné. En conséquence, de nombreuses petites entreprises européennes n’optent pas pour le transport ferroviaire pour exporter vers d’autres pays européens et vers l’Asie.

A cause de la crise de Covid-19, de nombreuses petites entreprises européennes seront confrontées à une forte récession. Exporter vers la Chine peut être une solution pour maintenir ou développer leurs activités. Le transport ferroviaire peut les aider à atteindre les provinces de l’ouest et du centre de la Chine, où ils peuvent rencontrer un marché dynamique.

Le transport ferroviaire entre l’Europe et la Chine a établi de nouveaux records durant l’été 2020
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