par Dr. Sébastien Goulard

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Dans une déclaration commune faite à la suite du 20e Sommet virtuel de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) présidé par l’Inde le 30 novembre, tous les membres de l’OCS, à l’exception de l’Inde, ont réaffirmé leur soutien à l’initiative « Belt and Road ». Par cette déclaration officielle, les pays d’Asie centrale  reconnaissent  l’initiative « Belt and Road » comme un outil important pour promouvoir la prospérité et la stabilité dans un contexte post-Covid.

L’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO)

L’OCS est une organisation régionale qui soutient le développement d’un dialogue multilatéral en Eurasie. Elle est issue du « Shanghai Five Group » créé en 1996, comprenant la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, et qui visait initialement à réduire les forces militaires stationnées le long des frontières de l’Asie centrale. En 2001, le Shanghai Five Group est devenu l’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO), et depuis lors, son champ d’action s’est élargi non seulement pour soutenir la coopération et la sécurité militaires, mais également pour promouvoir la coopération bancaire et financière et la culture. Malgré leur rivalité de longue date, le Pakistan et l’Inde, qui jouissaient auparavant du statut d’observateur, ont officiellement rejoint l’Organisation de Coopération de Shanghai en 2017.

L’OCS et la BRI

La plupart des membres de l’OCS considèrent favorablement l’Initiative « Belt and Road ». Le président Xi Jinping a prononcé son premier discours sur la nouvelle route de la soie lors d’une visite d’État au Kazakhstan en 2013.

Un moteur majeur de la coopération entre l’OCS et la BRI a été la signature en 2015 par la Chine et la Russie d’une déclaration conjointe liant la BRI à l’Union Economique Eurasienne (UEE), une organisation économique régionale parrainée par la Russie. La Russie est devenue un partisan majeur de la BRI car la plupart des routes ferroviaires de la Chine vers l’Europe passent par ses territoires. Grâce à la BRI, la Russie devrait pouvoir revitaliser certaines de ses régions et créer de nouvelles opportunités dans plusieurs secteurs. En outre, le Silk Fund, un fonds d’état chinois dédié au financement de projets BRI, a financé plusieurs projets en Russie.

Le Kazakhstan est également pleinement engagé dans la BRI. L’augmentation du trafic ferroviaire entre la Chine et l’Europe a ouvert de nouvelles opportunités pour les zones économiques spéciales kazakhes telles que Khorgos. L’Initiative « Belt and Road » complète également la propre politique de développement national du Kazakhstan, « Nurly Zhol », qui se concentre sur la modernisation des infrastructures du pays.

Le Tadjikistan abrite plusieurs grands projets d’infrastructure BRI (comme le réseau 4G déployé par Huawei). Au Kirghizistan, la plus petite économie d’Asie centrale, plusieurs projets de l’initiative « Belt and Road » ont été retardés en raison de tensions politiques, mais les autorités sont désireuses d’attirer davantage d’investissements de la Chine. En collaboration avec le Kirghizistan et la Chine, l’Ouzbékistan développe une nouvelle autoroute qui offrira une meilleure connexion entre l’Asie centrale et la Chine.

Le Pakistan reste un partisan majeur de la BRI, et la Chine s’est engagée à investir plus de 60 milliards de dollars dans le pays et à construire un réseau d’infrastructure moderne. Le commerce entre les deux pays augmente dans le cadre de la BRI.

Réticence à New Delhi

L’Inde, pays hôte du sommet 2020, a été le seul membre de l’OCS à ne pas soutenir l’initiative « Belt and Road ».

Ce n’est pas la première fois que l’Inde affiche son hésitation à rejoindre la BRI. Depuis le lancement de la BRI en 2013, l’Inde a refusé à plusieurs reprises de s’impliquer dans les projets chinois de la nouvelle route de la soie. Cette décision semble être motivée par plusieurs raisons. Premièrement, des tensions persistent entre l’Inde et la Chine concernant les différends frontaliers historiques au Ladakh et en Arunachal Pradesh, bien que les deux pays se soient publiquement engagés à régler pacifiquement leur différend.

L’Inde est également préoccupée par les intérêts croissants de la Chine dans d’autres pays d’Asie du Sud tels que Sri Lanka, le Bangladesh, les Maldives et le Népal, que New Delhi considère comme relevant de la sphère d’influence traditionnelle indienne.

Cependant, le principal obstacle à la participation de l’Inde à la BRI est la construction du Corridor Economique Chine-Pakistan (CECP), qui reste l’un des projets phares de la BRI. Afin de créer le CECP, des milliers de kilomètres de routes et de voies ferrées doivent être construits au Pakistan, ainsi que des réseaux de fibre numérique, des ports et des zones économiques spéciales. Beaucoup de ces réseaux relieront la Chine au Pakistan via le Cachemire, une région revendiquée à la fois par Islamabad et New Delhi. Si l’Inde avait officiellement rejoint la BRI, cette décision aurait pu être considérée comme la reconnaissance « de facto » par l’Inde des revendications du Pakistan sur le Cachemire. Cela impliquerait de prendre une décision diplomatique et politique particulièrement délicate, que l’Inde ne peut actuellement pas se permettre.

Cependant, malgré les différends en cours avec le Pakistan et la Chine, l’Inde est presque obligée, par pragmatisme économique, d’accroître ses échanges avec ses voisins et continuera de tenter de stimuler l’intégration régionale.

Des tensions politiques internes peuvent aussi empêcher l’adhésion officielle de l’Inde à la BRI, mais l’Inde continuera de bénéficier d’une augmentation des échanges entre la Chine et les économies d’Asie centrale. Plus récemment, l’économie indienne a été gravement affectée par la pandémie de Covid-19 et elle ne peut tout simplement pas se permettre de se dissocier complètement des économies de ses voisins asiatiques, en particulier la Chine.

Intégration régionale et ouverture

Le cœur stratégique de l’Eurasie est l’une des régions les plus isolées du monde, et les plans de connectivité régionaux antérieurs tels que le « couloir de transport international nord-sud » ont longtemps été retardés en raison d’un manque de financement et d’une concurrence politique intrarégionale. En période de crise, pour les membres de l’OCS (à l’exception de l’Inde), la BRI peut donner un nouvel élan à la région en fournissant de nouvelles infrastructures pour améliorer la connectivité régionale et les corridors de communication.

Réaffirmation du soutien de l’OCS à l’initiative Belt and Road
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