Selon l’Australian Financial Review, l’Australie, les Etats-Unis, l’Inde et le Japon seraient en train de discuter de la formation d’un projet concurrent à l’initiative chinoise « Belt and Road » pour l’Asie. Cela fait plusieurs mois que des programmes rivaux sont annoncés. Le Japon mène une politique plus visible en Asie depuis 2016, et il multiplie les collaborations avec l’Inde. Ensemble, les deux pays ont lancé l’idée du concept de corridor économique Asie-Afrique en mai 2017. Ils seraient donc rejoints par l’Australie et les Etats-Unis pour développer un autre projet de nouvelles routes de la Soie.

Face à ce nouveau projet, quelle doit-être la position de l’Union Européenne? Plusieurs leaders européens ont émis des réserves sur l’initiative « Belt and Road ». Ainsi, le ministre allemand des affaires étrangères Sigmar Gabriel, à la conférence sur la sécurité de Munich. s’est inquiété de la prédominance de la Chine dans les affaire mondiales, et a demandé aux Européens de lancer leur propre initiative.

L’Union Européenne pourrait être tentée de rejoindre le « Quad » formé par les Etats-Unis, le Japon, l’Inde et l’Australie pour une alternative à la BRI. Mais cette coalition est fragile. Il n’est pas sûr que les Etats-Unis s’investissent beaucoup dans ce programme, alors que le président Trump a désengagé son pays de l’accord de partenariat transpacifique. D’autre part, la position du Japon reste ambigüe, Tokyo pourrait rejoindre la BRI, certaines de ses entreprises sont déjà présentes sur les nouvelles routes de la Soie.  Le refus indien de rejoindre la BRI est principalement motivé par des raisons politiques et ses mauvaises relations avec le Pakistan un membre enthousiaste du programme chinois. Enfin, cet hypothétique projet a pris beaucoup de retard face à l’initiative chinoise dont les premières réalisations sont déjà visibles.

La multiplication des projets concurrents pourrait conduire à un phénomène de surcapacité, avec la duplication d’infrastructures en Asie. D’autre part, ces projets rivaux entraineraient une plus grande instabilité des pays asiatiques qui devraient alors choisir vers quelle grande puissance se tourner. Les nouvelles routes de la Soie deviendraient alors des projets politiques, plutôt que commerciaux.

Dès son lancement, la Chine a invité l’ensemble de la communauté internationale à participer à l’initiative « Belt and Road », qui est restée jusque là un projet ouvert à tous.

L’Union Européenne, comme les autres états, doit saisir cette opportunité et préférer la coopération avec la Chine et les autres participants comme le Pakistan, à la rivalité.

La Chine, est aujourd’hui, la seule puissance à avoir une vision globale du monde, et bien sûr elle peut se monter ambitieuse, alors que les autres puissances se referment sur elles-mêmes.

Pour mieux défendre ses intérêts et s’affirmer face à la Chine, l’Union Européenne doit participer pleinement à la BRI et doit devenir force de proposition.

L’Union Européenne, comme d’autres puissances s’inquiètent du fait que la Chine utilise la BRI pour exporter ses propres normes et standards, notamment par exemple avec la création de tribunaux de commerce chinois dédiés à la BRI. La création d’initiatives rivales à la BRI ne fera qu’accentuer cette volonté. La coopération, au contraire, permettrait à l’Union Européenne de mieux faire valoir ses intérêts en partageant avec la Chine son expérience.

Il faut donc que l’Union Européenne s’affirme pleinement comme un partenaire de la Chine pour l’initiative « Belt and Road » et n’hésite à proposer des projets en commun; c’est ce que la Chine attend d’une grande puissance comme l’Union Européenne.

L’Europe face aux projets rivaux de routes de la Soie
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