par Dr. Sébastien Goulard
Le 27 mars 2021, lors de sa tournée au Moyen-Orient, le ministre des affaires étrangères et conseiller d’État Wang Yi a rencontré Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des affaires étrangères, et a signé un accord de coopération de 25 ans avec l’Iran. Aucun détail n’a encore été publié. Mais en juillet 2020, une version préliminaire de ce document a été divulguée par le New York Times. Selon ce document, la Chine investira près de 400 milliards de dollars en Iran, un pays qui a déjà adhéré à l’initiative « Belt and Road ». Les entreprises chinoises n’investiront pas seulement dans le pétrole et l’énergie, mais dans la plupart des secteurs de l’économie iranienne.
La Chine et l’Iran ont passé plusieurs années à négocier cet accord, comme il avait été annoncé pour la première fois lors de la visite d’État du président Xi Jinping en Iran en 2016. Cet accord témoigne de la confiance mutuelle et de l’engagement de la Chine et de l’Iran à travailler ensemble pendant une période de 25 ans.
Pétrole et énergie
Un aspect majeur de ce nouveau partenariat Chine-Iran concerne le secteur pétrolier et énergétique. La Chine est un importateur majeur de pétrole iranien. Beijing a continué d’importer du pétrole d’Iran malgré les sanctions américaines, même si certaines expéditions étaient des « importations indirectes » en provenance de pays tiers. À la suite de cet accord, nous pouvons nous attendre à une augmentation des importations chinoises de pétrole en provenance d’Iran.
Mais la coopération sino-iranienne dans le domaine de l’énergie ne se limite pas au pétrole. L’Iran, comme d’autres pays riches en pétrole, cherche à développer des énergies plus verte et à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Selon Caspian News, 115 centrales électriques renouvelables fonctionnaient à travers l’Iran en août 2019; et ce chiffre est appelé à augmenter. La Chine, leader mondial des énergies renouvelables, peut aider l’Iran à réussir cette diversification.
Les transports
Le transport est un autre secteur majeur dans lequel les entreprises chinoises doivent investir en Iran. En raison des sanctions occidentales, l’Iran a souffert d’infrastructures relativement âgées et mal adaptées. Avec cet accord signé par la Chine, il sera possible pour l’Iran de moderniser la plupart de ses infrastructures, y compris les chemins de fer et les ports.
Dans le cadre de la BRI, depuis 2018, certains services de fret ferroviaire relient déjà l’Iran à la Mongolie intérieure. En décembre 2020, a été annoncé le lancement d’une autre ligne reliant Istanbul, en Turquie, à Islamabad, au Pakistan, via Téhéran.
Ce nouvel accord pourrait également aider les entreprises chinoises à moderniser le réseau de transport de la plupart des villes iraniennes. En 2019, la municipalité de Téhéran et Beijing Rail Transit Technology Equipment Group Co. ont signé un accord concernant l’achat de voitures de métro. Des contrats peuvent être signés avec d’autres villes.
Le projet de document divulgué mentionnait une éventuelle participation d’entreprises chinoises au développement du port de Jask. Avec plus d’importations de pétrole de l’Iran vers la Chine, Beijing sera intéressé par le développement des ports de Jask et Chabahar dans le golfe Persique.
De la reprise à la croissance
Pour l’Iran, cet accord est crucial, car le pays souffre des sanctions américaines qui ont poussé de nombreuses entreprises occidentales hors du marché iranien. La crise du coronavirus a également eu un impact négatif sur l’économie iranienne (qui est entrée dans une troisième année consécutive de récession), et Téhéran doit stimuler ses échanges et moderniser ses infrastructures pour éviter les troubles sociaux et donner plus d’opportunités à ses entreprises.
Cet accord peut être décrit comme une bonne opportunité pour la Chine, car les entreprises chinoises feront face à moins de concurrents sur le marché iranien en raison de la timidité des entreprises occidentales. L’Iran est une économie émergente dont la main-d’œuvre est hautement qualifiée grâce à un bon système éducatif. C’est une société à la main-d’œuvre très qualifiée, et cela pourra créer des opportunités pour les entreprises chinoises de haute technologie opérant dans le secteur de l’IA.
L’Iran et ses voisins
L’Iran n’était pas la seule destination visitée par Wang Yi lors de cette tournée dans le Moyen-Orient, le conseiller d’État s’est également rendu dans plusieurs pays du Golfe. Il s’est tout d’abord arrêté en Arabie saoudite, premier fournisseur de pétrole de la Chine, et a rencontré le ministre des Affaires étrangères Faisal bin Farhan Al Saud, avec lequel il a discuté d’une éventuelle coopération entre l’initiative « Belt and Road » et le programme Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Il s’est ensuite envolé pour la Turquie et a rencontré le président Recep Tayyip Erdogan. La Turquie est très intéressée par d le développement du corridor intermédiaire de la BRI pour accroître ses échanges commerciaux avec les pays asiatiques.
Le 29 mars, Wang Yi a également rencontré les dirigeants des Émirats arabes unis, de Bahreïn et d’Oman pour parler de la coopération post-crise Covid.
Dans la région du Moyen-Orient, la Chine se présente comme un éventuel messager de la paix, et l’Initiative « Belt and Road » pourrait donner aux pays sunnites et chiites la possibilité de travailler ensemble sur des projets de connectivité et ainsi créer des conditions de stabilité et de dialogue dans la région.
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