par Dr. Sébastien Goulard
À la mi-septembre, le conseiller d’État chinois et ministre des Affaires étrangères Wang Yi a rencontré le ministre mongol des Affaires étrangères Nyamtseren Enkhtaivan à Oulan Bator pour parler de la reprise post-Covid19 et des progrès réalisés pour le développement du corridor Chine Mongolie Russie. Malgré les épidémies, les deux pays se sont engagés à renforcer leur coopération.
Le 16 septembre 2020, la Chine et la Mongolie ainsi que la Russie et le Kazakhstan ont convenu de construire conjointement une Route de la Soie de la Santé et d’approfondir leur coopération contre les épidémies. Une décision majeure concerne l’éventuelle collaboration pour le développement, la production et l’achat d’un vaccin.
Une relation étroite entre la Chine et la Mongolie
La coopération entre les deux pays est assez intense. Auparavant, le 5 août, s’est tenu le cinquième dialogue stratégique entre la Mongolie et la Chine. Plus tôt cet été en juillet, le Président Xi Jinping et le Premier ministre Ukhnaa Khurelsukh ont déclaré que la Chine et la Mongolie poursuivraient leur partenariat stratégique et développeraient des moyens sûrs d’échanger des personnes et des marchandises au milieu des pandémies.
Si les deux pays sont très différents en termes de population (moins de 4 millions d’habitants pour la Mongolie contre 1,4 milliard d’habitants pour la Chine ) ou de PIB (13,7 milliards de dollars pour la Mongolie contre 14 000 milliards de dollars pour la Chine en 2019), ils bénéficient d’excellentes relations de voisinage et sont engagées à développer leur partenariat dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ».
Route des steppes de Mongolie
La Mongolie, autrefois un pays peu développé et nomade, a connu des changements rapides au cours des vingt dernières années. Elle avait connu une forte croissance économique basée sur l’exploitation minière et l’extraction avant de souffrir d’un ralentissement brutal en 2009. La principale faiblesse de la Mongolie reste sa dépendance excessive à l’extraction minière et sa trop grande dépendance vis-à-vis du marché chinois. En 2014, afin de développer sa propre voie de développement, le président en exercice Tsakhiagiyn Elbegdorj a proposé le programme de la route de la Steppe visant à tirer parti de la position stratégique de la Mongolie entre la Chine et la Russie. Pour atteindre cet objectif, la Mongolie doit dynamiser les transports et la logistique en construisant « 5 lignes » pour relier la Chine et la Russie: routes, voies ferrées, oléoducs, gazoducs et lignes électriques. Ce programme de développement national a été intégré à l’Initiative « Belt and Road » en tant que Corridor économique Chine-Mongolie-Russie, en 2015.
Nouveaux marchés pour les produits de la production mongole
La Chine est de loin le principal marché commercial de la Mongolie, puisque 92% des exportations mongoles lui sont destinées. Avec de nouvelles infrastructures et de meilleures connexions avec la Chine et la Russie, la Mongolie espère à une augmentation de ses exportations vers d’autres régions. Avec le chemin de fer intercontinental, la Mongolie sera plus proche de l’Europe et du Moyen-Orient. D’autre part, les nouveaux services de fret entre Oulan Bator et les ports chinois tels que Tianjin aideront à créer de nouvelles opportunités commerciales pour les produits mongols à exporter vers l’Asie. La BRI permettra également à la Mongolie à diversifier ses exportations. Les minerais miniers (charbon, cuivre, fer) représentent actuellement plus de 40% des exportations totales de la Mongolie, et le développement de la nouvelle route de la soie pourrait permettre aux entreprises mongoles locales d’exporter d’autres produits vers la Chine et ailleurs.
Développement de la Chine et de la Mongolie
Pendant de nombreuses décennies, avant les réformes chinoises de 1978, le chemin de fer reliant Moscou à Beijing en passant par la Mongolie et Oulan Bator était l’une des rares fenêtres de la Chine sur le monde. Aujourd’hui, cette ligne n’est plus aussi stratégique qu’elle l’était. Cependant, le développement des infrastructures en Mongolie permettra de mieux relier les provinces chinoises du nord et du nord-est à la Russie et à l’Europe. Dans la région chinoise de la Mongolie intérieure, la ville frontière de Manzhouli est déjà une plaque tournante ferroviaire entre la Chine, la Russie et la Mongolie. Le développement d’ infrastructures plus modernes et plus fiables en Mongolie stimulera les échanges commerciaux entre le Nord de la Chine et la Sibérie russe.
En 2015, la Chine et la Mongolie ont convenu de coopérer sur la construction d’infrastructures de connectivité, mais aussi d’accompagner la Mongolie sur la voie du développement durable. Le développement rapide et l’urbanisation de la Mongolie ont entraîné de graves problèmes tels que l’apparition de bidonvilles, la gestion des eaux usées et des déchets ; les entreprises chinoises ont une forte expérience dans ces domaines.
La gouvernance électronique
De son côté, la Mongolie peut partager son savoir-faire avec d’autres pays de la BRI sur plusieurs sujets, dont la gouvernance électronique. Depuis le début des années 2010, afin de mieux servir sa population sur un territoire très étiré et à faible densité, la Mongolie a développé des programmes très efficaces pour mettre en ligne les activités et services gouvernementaux (y compris l’état civil, la fiscalité) ? Cette expérience peut être reproduite dans d’autres régions à faible densité, par exemple en Asie centrale, afin qu’elles réalisent également leur transformation numérique.
Pour la Mongolie et sa faible population, rejoindre la BRI et développer des relations équilibrées avec la Chine n’est pas simple en raison des différences entre les deux pays, mais cependant grâce à la BRI, la Mongolie pourrait réussir à diversifier son économie.
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