Durant la première semaine de l’année 2019, le ministre des affaires étrangères chinois, Wang Yi, a entamé une tournée africaine et s’est rendu en Ethiopie, au Burkina-Faso, en Gambie et au Sénégal.
Cette tournée confirme l’intérêt croissant de la Chine pour les états du continent africain. La présence chinoise en Afrique est critiquée par certains observateurs en Europe et aux Etats-Unis qui s’inquiètent de l’influence politique de la Chine sur le continent. Mais la principale motivation de Beijing en Afrique est différente. L’Afrique est aujourd’hui le continent qui connait la plus forte croissance urbaine. Le continent tout entier est en train de se développer, et la Chine, grâce à son expérience en matière de développement, a les capacités de proposer aux états africains les solutions les plus adaptées pour accompagner le développement de l’Afrique.
Le partenariat Chine-Ethiopie
Wang Yi s’est tout d’abord rendu en Ethiopie, un partenaire majeur de la Chine, notamment dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ». Sous le précédent gouvernement du premier ministre Hailemariam Desalegn, les deux états avaient signé un accord de coopération stratégique globale. Cette bonne entente entre Beijing et Addis Abeba continue après l’élection de Abiy Ahmed au poste de premier ministre. Lors de sa visite à Beijing en septembre 2018, celui-ci avait déclaré que la Chine était le plus important partenaire de l’Ethiopie pour son développement.
La Chine et ses entreprises ont massivement investi en Ethiopie, notamment dans les nouveaux parcs industriels qui ont permis à l’Ethiopie de devenir un acteur majeur de l’industrie du textile, qui a connu une croissance annuelle de près de 50% depuis les cinq dernières années.
La Chine est aussi à l’origine du renforcement des infrastructures dans la corne de l’Afrique.
Au début de l’année 2018, la ligne ferroviaire reliant Addis Abeba à Djibouti est entrée en opération. Les passagers et les marchandises ne mettent plus que 12 heures au lieu de 3 jours à parcourir les 756 kilomètres qui séparent ces deux villes grâce à la construction de cette ligne par « China Rail Engineering Corporation » (CREC), et « China Civil Engineering Construction Corporation ». (CCECC). Ces entreprises se chargent aussi de la formation du personnel local jusqu’en 2023.
Au niveau du réseau routier, c’est une entreprise chinoise, avec un financement international, notamment de la Korean Exim Bank, qui construit une route reliant le port sec de Modjo à la ville de Hawassa.
On peut supposer que ce désenclavement et la prospérité nouvelle que connait l’Ethiopie sont partiellement à l’origine de l’apaisement entre l’Ethiopie et l’Erythrée, qui ont signé des accords de paix en septembre 2018. L’Erythrée aimerait elle-aussi bénéficier des investissements chinois.
Le développement de l’Ethiopie bénéficie certainement aux entreprises chinoises, mais les entreprises européennes ne sont pas exclues. Il existe d’importantes possibilités de coopération entre la Chine et les membres de l’Union Européenne pour des projets de développement en Afrique, et particulièrement en Ethiopie.
Ainsi, à la fin du mois de décembre 2018, l’entreprise Ethiopian Electric Power a signé deux contrats pour l’acquisition de 13 turbines électriques pour le barrage de la Renaissance, l’un avec PowerChina (pour 11 turbines) et l’autre avec GE Hydro France (2 turbines). L’entreprise française devrait fournir d’autres équipements pour ce barrage. Le barrage de la Renaissance, une fois achevé dans les prochaines années, devrait être le plus puissant du continent africain. Avec une population de plus de 100 millions d’habitants, et un secteur industriel en pleine expansion, l’Ethiopie fait face à des besoins grandissants en matière d’énergie, et doit investir dans sa production d’électricité pour éviter les coupures. L’initiative « Belt and Road » devrait permettre de développer plus rapidement ce secteur stratégique pour l’Ethiopie.
Durant sa visite à Addis Abeba, Wang YI a insisté sur le partenariat entre la Chine et l’Ethiopie. De nouveaux échanges devraient avoir lieu entre les deux pays, dans tous les secteurs notamment ceux de l’environnement et de l’espace. Ainsi, en septembre 2019, le premier satellite spatial éthiopien, qui servira à la recherche sur le réchauffement climatique devrait décoller de Chine.
Infrastructures et sécurité en Afrique de l’Ouest
Après cette première étape en Ethiopie, le ministre chinois des affaires étrangère s’est rendu en Afrique de l’Ouest.
A Ouagadougou, Wang Yi a rencontré son homologue Alpha Barry et le président Roch Kaboré. En mai 2018, le Burkina Faso a embrassé le principe d’une « Chine unique » et depuis, les relations entre Ouagadougou et Beijing connaissent un nouvel essor.
Wang Yi a réaffirmé le soutien de la Chine à la force du G5 Sahel pour restaurer la sécurité dans la région. Le ministre chinois des affaires étrangères s’est aussi engagé à renforcer la coopération avec le Burkina Faso dans les domaines de la santé et de la défense.
Pays enclavé, le Burkina Faso encourage la Chine dans ses projets de connectivité liés à l’initiative « Belt and Road » et notamment à participer au développement de la route transsaharienne reliant Alger à Lagos.
Wang Yi s’est aussi rendu en Gambie. A cette occasion, le président gambien Adama Barrow a déclaré que la Chine était le partenaire le plus important de son pays. Lors du sommet Chine Afrique de septembre 2018, la Gambie avait signé plusieurs accords dans le cadre de l’initiative « Belt and Road ». La priorité du président gambien est d’attirer des investissements chinois dans les secteurs de l’agriculture, de l’énergie et des infrastructures pour permettre le développement de son pays.
Enfin, sa dernière étape était Dakar au Sénégal, où il a rencontré le président Macky Sall et le ministre des affaires étrangères Sidiki Kaba. Le Sénégal est devenu depuis quelques années, le principal partenaire de la Chine en Afrique de l’Ouest francophone. Dakar a été le premier état de la région à soutenir l’initiative « Belt and Road ». Le président sénégalais a pour volonté de mettre en œuvre sa stratégie du « Plan Sénégal Emergent » qui vise à moderniser l’ensemble de son pays que ce soit pour la santé, le tourisme, les infrastructures…Un élément majeur de ce plan consiste en la construction de la nouvelle ville de Diamniadio, pour désengorger Dakar. Le parc industriel de cette ville a été construit par une entreprise chinoise et accueille des investisseurs chinois.
Dans l’ensemble des états visités, Wang Yi a encouragé les dirigeants à plus de coopération afin de coordonner les différentes politiques nationales. L’objectif est que l’initiative « Belt and Road » serve au mieux les intérêts des états participants. La tournée de Wang Yi en Afrique témoigne de l’importance du multilatéralisme dans la stratégie chinoise.
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